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dimanche, 21 mai 2006

dix-huit (polaroïds #8 et #9)

Ma liste de notes à rédiger est en train de me dépasser complètement. J’ai promis d’aborder les taxis parisiens et le ferai. Il serait également utile de débriefer un peu l’ « histoire Charlotte », qui a suscité des commentaires auxquels je ne m’attendais pas. La pauvre a été abusivement chargée, à mon sens. En outre, mes allégations d’ivrogne semblent aussi avoir été prises au sérieux, alors que les plus sincères résolutions ne feront ce me semble jamais plier une nature. Enfin, il faudrait que je vous parle de Constance. C’est un personnage romanesque comme on n’en fait plus. Peut-être même commencerai-je par là ?

En attendant, voici comme promis également mes tentatives huit et neuf d’écriture de la lumière. J’étais samedi au Jardin des Plantes, par un temps splendidement orageux, en charmante mais discrète compagnie. (G., si tu me lis, le vent porte ton parfum.) En sortant, j'ai commis ces vues Nord et Sud de la mosquée de Paris.


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Il ne reste plus qu'une photo dans le polaroïd.

samedi, 20 mai 2006

dix-sept (l'amour)

J’ai pris une grande décision. Une décision fondamentale.

La fin de cette phrase marquera mon arrêt total et définitif de toute tentative de baise. (Ca y est.) C’est-à-dire : je cesse par la présente de passer toute mon énergie dans d’improbables recherches de maîtresses, plans cul, assouvissements de fantasmes, coups de bite (pardon, pardon d’être vulgaire) et autres relations d’ordre sexuel sans qu’il y ait un espoir d’amour, de début vie commune, de construction quelconque à la clé.

La déception et le poids de l’échec m’écrasent. Me dépriment. Me minent le cœur et l’esprit. C’est une vraie, une totale remise en question. De celles qui non seulement font avancer, je le souhaite ; mais aussi - je le crains - qui font changer. Un retour sur soi. Une mise à distance, une mise en abîme : chercher à savoir qui l’on est, chercher à savoir pourquoi l’on est, pourquoi et comment on agit, pourquoi on est seul, pourquoi on éprouve le besoin d’une compagne - et quelle compagne. Alors que j’approche de mes quinze années de vie sexuelle, presque la moitié de mon âge, je me rends compte avec effroi que j’ai passé tout ce temps à baiser avec le vent, à baiser du vent, ma semence rare et précieuse, mon potentiel de vie, disséminé aux quatre vents. Pas une fois je n’ai fait l’amour. Pas une fois j’ai aimé en aimant. Seigneur, quelle catastrophe. Je ne sers à rien ni personne sur cette Terre.

(Je lutte contre le sommeil. J’ai trop bu. Je ne cesse de corriger mes fautes de frappe. Je ne vois rien. J’ai mal aux yeux, j’ai mal au cœur. Je finis juste cette note et je vais me coucher en regrettant de l’avoir publiée sans la relire en suivant les conseils de la nuit.)

Les faits.

Depuis mardi, son délicat baiser sur la bouche et son minimaliste « merci, et à vendredi », Charlotte la gracile n’avait pas donné de nouvelles. Pas plus que moi d’ailleurs. L’un comme l’autre, chacun de son côté, on attendait sans doute ce qui allait se passer en ce dernier jour de semaine. Par contre, le frère de la jeune oiselle, qui se nomme Laurent et qui, rappelons-le, est un de mes bons amis, m’a appelé entre temps pour me demander comment ça s’était passé avec Charlotte, si j’avais pu lui donner les conseils et les pistons qu’elle demandait. « Elle ne t’a pas trop embêté ? » J’ai rien osé dire.

Le jour dit, en début d’après-midi et alors que j’étais parti déjeuner à l’extérieur pour cause classique de rien dans le frigo, mon fidèle téléphone m’annonce chaudement que la belle me convie à un « petit dîner » dans la grande maison de ses parents, à Nogent sur Marne. « Il y aura aussi Marianne et Flo », ajoute-t-elle sans plus de précision. Mon premier sentiment a été de me dire que merde, j’avais pas du tout envie de les voir, ses amies. Je les connais pas moi. Un petit tête-à-tête complice rapidement suivi d’une longue nuit d’amour, qui plus est dans une vaste demeure bourgeoise, c’était le programme charmant et bucolique que je m’étais imaginé. Quoi, mince. Mais, l’esprit toujours optimiste et positif, et surtout mal tourné, j’ai fini par me dire que dîner entouré de trois jeunes demoiselles ne pouvait que m’être agréable, pour un peu que ça dégénère.

Arrivé relativement tard, peu avant 22 heures, armé de trois bouteilles du meilleur bordeaux du Monoprix, j’ai eu d’office la mauvaise surprise de constater que la Flo en question était un Florent (Florian ?) qui semblait plus que lié avec la dénommée Marianne. Pour faire vite, ils ne se sont pas quittés de la soirée, toujours collés et à s’embrasser de manière tout à fait déplacée, encore. Mais ce n’était que la première surprise. La seconde, c’était les dix autres potes conviés – moyenne d’âge 25 ans, peut-être moins -, en majorité des garçons ; et enfin, vous n’y croirez jamais : les parents. Les parents, vous dis-je. Le père, la mère : les parents. « Thomas ! ça faisait un moment qu’on t’avait pas vu, me lance le père, alcoolique notoire et déjà bourré au mauvais bouchon. Ca me fait plaisir ! » Et me voilà dès le départ alpagué par le paternel et sa matronne à côté qui dodelinait, à écouter des histoires de vendange, des souvenirs d’armée et des considérations plus que douteuses sur le maréchal Pétain. On s’habitue à tout, me répétais-je en moi-même, en écho à mes notes précédentes. Il le faut bien, c’est ça ou le suicide à l’arme blanche : une fourchette dans la gorge, devant l’assemblée. Impossible. Trop radical. Je buvais le plus possible, ce qui n’était pas compliqué puisque papa me remplissait mon verre avant même qu’il ne soit vidé. Sa piquette de table, j’en aurais goûté ; par contre, mon bordeaux, pas vu la couleur. Pendant ce temps, la Charlotte, pas l’air trop gênée, faisait l’hôtesse parfaite : accueil, service, conversation et sourires de circonstance.

A minuit et demie, alors qu’on commençait seulement à penser au dessert, j’ai considéré que le calvaire avait suffisamment duré. Je me suis excusé, j’ai appelé un taxi et j’ai filé sans même l’attendre. Charlotte m’a raccompagné à la porte du jardin, je lui ai dit au revoir sans l’embrasser.

Dehors, tout en guettant l’arrivée du taxi (vingt minutes : il faut que je fasse une note sur les taxis), je me suis saisi de mon téléphone et j’ai appelé sans complexe ni pitié ma bien nommée Constance – mon joker de cul. Plus encore : ma soeur, ma mie, celle qui m’accueille et me comprend en toute circonstance, surtout les plus dramatiques. Elle est de plus, et ce n’est pas négligeable, ma quasi-voisine, puisqu’elle habite derrière la place d’Italie. Peut-être est-elle un peu amoureuse de moi, depuis le temps, toujours est-il qu’elle ne m’a jamais fait le moindre reproche. Notre histoire remonte à si longtemps qu’on ne peut se rappeler – ni elle, ni moi – quand et à quelle occasion nous avons couché ensemble pour la première fois. Mais là, ça faisait bien six ou huit mois qu’on ne s’était pas vus. J’appelle donc Constance, qui décroche par miracle et accepte de me recevoir. Nous avons fait l'amour vite fait, mal fait (non, je dis ça pour la formule, mais c’était très bien, sans surprise parce qu’on se connaît trop bien, mais doux, tendre, chaud, bon, libérateur) et je suis parti vers deux heures et demie, lâchement, pendant qu’elle dormait. Elle trouvera à son réveil un mot d’excuses et une invitation à déjeuner demain, j’espère que ça ira.

Mon retour à pieds m’a laissé le temps de réfléchir à cette triste soirée, aux conséquences qu’elle devrait prendre, et à la note qu’il fallait que je rédige au plus vite.

Merci de m’avoir lu, si vous avez tenu jusque là, et pardon de vous avoir ennuyés. Pardon aussi pour le style bancal, les fautes de frappe, d’orthographe et de syntaxe, pardon pour tout. Je suis éreinté ; je vais me coucher.

Ah ! une dernière chose : c’est décidé, je reprends la cigarette.

jeudi, 18 mai 2006

seize (addiction)

La note « sept », datée du mardi 9 mai, commençait sur ce ton quelque part entre le badin et le péremptoire : « On s’habitue à tout ». J’ai un peu réfléchi à la question.

Je ne sais pas si c’est le cas de tout le monde, mais pour ma part, je suis un véritable caméléon, qui s’adapte avec plus ou moins de bonheur à la plupart des situations. Ma remarque du 9 mai s’appliquait à la masse de travail que j’abattais alors : quinze heures de boulot par jour, qui m’étaient tombées dessus comme la foudre sur la paralytique, et auxquelles, tel Lazare, je m’étais fait sans trop de problème - hormis un mal de genoux assez prononcé. Maintenant que je suis retombé dans une presqu’inactivité – je ne bosse pas avant au moins lundi -, il m’est possible de mesurer jusqu’à quel point je peux aussi me vautrer dans l’oisiveté. Rester assis sur une chaise, ou même debout, à ne rien faire, n’a jamais été une punition pour moi. Les heures passent ainsi, sans que je ne m’en rende compte et sans que j’aie besoin de tuer le temps d’une manière ou d’une autre.

Autre exemple. Je me trouvais l’autre jour, pour un rendez-vous de boulot, boulevard Malesherbes. A l’opposé de chez moi, donc, qui suis « stationné » entre Jussieu et Censier-Daubenton (plan ci-dessous pour mes fort nombreux lecteurs du vaste monde). Au bout d’une heure et demie d’un entretien plus que fatigant intellectuellement, je décidai de marcher un peu sur le boulevard avant de reprendre le métro, histoire de m’aérer l'esprit. Arrivé finalement à Saint-Lazare, autant pousser jusqu’à Opéra, sur ma ligne. Et c’est ainsi, par étapes, que je suis rentré à pieds chez moi. Aucune idée du temps que m’a pris cette petite balade. Je me suis à peine rendu compte que je mettais un pied devant l’autre.

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Cela s’appelle, je crois, l’addiction.

On pourrait citer encore ma propension à lire les livres d’une traite, à laisser tourner le même disque sur ma platine pendant trois mois, à regarder les films cent fois, sans m’en lasser, à manger japonais à chaque repas pendant une semaine, à rester 48h sous la couette avec une fille, quoi d’autre ? Ah, tiens, une année, j’avais peut-être vingt ans, j’étais parti à Londres où un de mes amis organisait une fête énorme. Je jure n’avoir pas dormi une minute pendant trois jours, c’est-à-dire, voyons voir, 72 heures. Et sans drogue, s’il vous plaît, enfin pas celle que vous croyez. Comment est-ce possible ? Espaces-temps facétieux ? Neurones manquants ? Super-pouvoir ? Mystère. Je m’habitue à tout, je vous dis. La routine, l’ennui, ça ne me fait pas peur. Pas plus, d’ailleurs, que les changements radicaux.

Vous vous demandez pourquoi je vous raconte cette histoire sans intérêt, n’est-ce pas ? Je n’en ai pas la moindre idée : mes doigts courent tout seuls sur le clavier.

mercredi, 17 mai 2006

quinze (polaroïd #7)

S’il y a un domaine dans lequel je n’ai aucun avenir, en dehors des affaires, de la justice, du journalisme, de la médecine et des sciences en général, de la musique, de la cuisine, de la mécanique et du bricolage, c’est bien la photographie. Je possède simplement, comme tout le monde, un petit compact numérique acheté à la Fnuck il y a au moins trois ans, tout pourri (il a survécu non sans séquelles à une chute de 30 mètres en Ardèche) et qui n’a pas vu la lumière du jour depuis belle lurette. Non pas que je n’aime pas ça, au contraire, j’adore les photoblogs et tout ce qu’on voit sur le net, et visite régulièrement les petites galeries parisiennes de derrière les fagots. Mais je suis nul. Enfin pas nul, mais pas assez fort. J’avais arrêté le tennis pour la même raison : je n’étais plus le meilleur. La sale mentalité, quoi, mais bon, j’avais dix ans.

Bref, tout ce bavardage pour dire que j’ai retrouvé par hasard un polaroïd acheté avec Sido lors d’une brocante en province, l’été dernier. On a pris seulement six clichés avec, puisqu’il en reste quatre sur la pellicule. Aucune idée de ce qu’ils représentaient, ni ce qu’ils ont pu devenir.

Celui-ci, le septième, date de cet après-midi.

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mardi, 16 mai 2006

quatorze (adieu, bonjour)

Quatorze, et déjà je censure... C’est mal barré pour la suite. J’avais donc écrit une longue et molle et lourde note au sujet de mon dîner d’hier avec Sidonie. Peut-être la publierai-je un jour, comme un bon vieux souvenir, mais pour l’instant, j’ai décidé de la supprimer corps et biens, de peur de faire fuir un lectorat déjà plus qu'aéré. Et puis, il faut savoir faire preuve d’optimisme. Voilà, vous saurez seulement que Sidonie est repartie vers de nouvelles aventures, avec un sautoir en lapis-lazuli en prime, et que moi, je n’ai plus qu’à aller voir ailleurs si j’y suis – ce que je me suis empressé de faire, d’ailleurs, en me payant après le resto une bonne vieille cuite des familles, au whisky, dans un bouge infâme du deuxième arrondissement. Oui, oui, tout seul. J’arrête là, sinon je risque de me lancer dans des jérémiades interminables sur la perfidie des femmes et l’absurdité de la vie.

Ce matin, malgré ma douloureuse gueule de bois, je n’avais pas oublié la visite de la sœur de mon ami, Charlotte, prévue pour 14h. Inutile de sauter des lignes et d’aller directement vérifier à la fin de ce paragraphe : autant le dire tout de suite, je n’ai pas couché avec elle. Non. Mais c’est prévu pour vendredi prochain, eh eh... En deux mots, ça s’est très bien passé, on n’a presque pas parlé de son frère et pas du tout de son copain (à croire qu’il n’existe plus, j’ai déjà lancé mon réseau d’informateurs sur la question), abordé juste ce qu’il faut le boulot, les contacts et les pistons, et largement évoqué nos activités, goûts et passions, le graphisme, la peinture, l’art en général. Très bien entendus, beaucoup rigolé aussi, sans doute aidés par les joints qu’elle a roulés, d’une sorte d’herbe vert clair très odorante et diaboliquement efficace. Je n’ai plus trop l’habitude de ces petits délits, moi, il m’arrive de temps à autre de taxer un bout de shit au fils de mon épicier, mais c’est tout. Enfin, elle est vraiment très sympa la Charlotte, tellement plus naturelle que Sidonie, beaucoup d’humour, aimable, jolie, attirante, moins classe aussi et moins intelligente, limite un peu naïve, et un peu potelée comme je l'ai dit, mais rien n’y faisait, je n’avais qu’une envie, c’était de me l’attraper sauvagement et qu’on n’en parle plus.

Quoi qu’il en soit, on a très vite compris l’un comme l’autre qu’il fallait qu’on baise au plus vite, mais sans vraiment se le dire ; c’est toujours resté tacite et ça me plaît d’autant plus. Quand elle est finalement partie pour se rendre au travail, elle m’a pris doucement la tête entre les mains et a posé ses lèvres sur les miennes dans un geste plein de grâce, qui m’a ému comme pas possible, j’avais les bras ballants et je ne savais plus quoi dire. Cinq minutes après, alors que j’avais encore le cœur qui battait comme un maboul, elle m’a envoyé un message qui disait simplement « merci, et à vendredi ». On n’a jamais dit qu’on se verrait vendredi - j’en attends donc le meilleur.

La vie, c’est marrant quand même. Le coup du changement de maîtresse du jour au lendemain, ça me l’avait encore jamais fait.

lundi, 15 mai 2006

treize (quêtes, conquêtes et reconquêtes)

Ce soir, j’invite Sidonie au restaurant. Je ne sais pas trop où. C’est toujours compliqué de sortir tous les deux, vu qu’on habite vraiment loin l’un de l’autre et que nos quartiers respectifs ne sont pas terribles niveau cantines. Si quelqu’un connaît un bon endroit dans le cinq, je veux bien qu’il me le signale, trois ans que j’y vis et je ne sais toujours pas où on peut y manger un peu correctement. Bref, on risque encore de se retrouver dans le dix, le onze ou le douze, voire même plus à l’est, dans le dix-neuf ou le vingt, arrondissements que curieusement je connais beaucoup mieux.

Sans chercher à lui en mettre plein la vue, j’aimerais que ce dîner sorte un peu de l’ordinaire. Qu’on mange vraiment bien, qu’on boive du Saint-Estèphe ou du Meursault - Madame aime le luxe. Qu’on parle, qu’on s’entende et qu’on rie. Je lui ai acheté un sautoir en lapis-lazuli qui ira très bien avec ses yeux profonds, je ne m’y connais pas très bien en pierres et en joaillerie mais il m’a coûté bonbon, ça a intérêt à lui faire plaisir. Enfin, il faut encore que j’ose lui offrir : j’ai horreur de ce qui fait trop officiel, genre déclaration, demande en mariage et tout, et puis je redoute un peu sa réaction. Elle est capable de trouver ça moche et de me le dire sans ambages, ou de faire la moue et de sortir « mais si, ça me plaît », ou même encore me lancer froidement que si je crois pouvoir l’acheter avec des bijoux de pacotille, je ferais mieux d’aller faire les sorties de lycées.

Allez, je suis mauvais. J’exagère légèrement. La pauvre Sido a beau être une chipie, je la charge un peu de trop. Et puis, de toute façon, j’adore les chipies. Je raconterai bien évidemment le déroulement de la soirée.

Je raconterai aussi mon après-midi de demain avec Charlotte. Charlotte est une fille un peu plus jeune que moi, aussi brune que Sidonie est blonde, et qui est la sœur d’un de mes bons amis. A 25 ans à peine, elle travaille depuis déjà cinq ans dans divers petits boulots de serveuse ou de vendeuse. Sa passion, c’est le dessin, l’illustration, un peu de graphisme aussi ; elle est assez douée mais n’a aucune formation dans ce domaine. Pourtant elle voudrait bien y rouler sa bosse, et cherche des conseils, voire des pistons. C’est pourquoi son frère l’a aiguillée sur moi… Me voilà donc parachuté sauveur de jeunes femmes en détresse, un de mes rôles préférés. Charlotte est à peine un peu ronde, c’est-à-dire, elle a des formes bien dessinées et les met en valeur sans le savoir. Des joues légèrement charnues, et rosies, une poitrine importante (alors que Sido a plutôt de petits seins), souvent décolletée, un peu de ventre et des fesses bien rebondies. Evidemment, elle se trouve trop grosse, mais elle a la chance d’être parfaitement proportionnée et d’avoir de surcroît un assez joli visage au très beau teint de porcelaine. Bref, vous l’aurez compris, j’ai envie d’elle. Mais la potentialité d’une relation d’ordre sexuel entre nous reste faible, et dépend de ma soirée de la veille avec Sido, du niveau de mon audace (le frère de la demoiselle étant un de mes plus proches amis, je ne peux décemment faire n’importe quoi), et, bien sûr, de la volonté d’une fille déjà maquée depuis longtemps... Un vrai challenge comme je les aime.

dimanche, 14 mai 2006

douze (Mossian un jour aussi va mourir)

La majorité des femmes trentenaires célibataires se plaignent principalement de deux choses : d’être déjà trentenaires d’une part, et encore célibataires d’autre part. Qui a dit que les femmes étaient compliquées ? Pauvres d’elles, ce n’est pas leur faute ; mais une urgence dictée par la chimie de leurs hormones et l’instinct de survie de leur espèce les pousse à se morfondre de ne pas trouver le partenaire idéal. Par moments, je les envie de rester si proches de la nature, aussi étroitement liées à la terre et au temps, quand tous les hommes sont de véritables dégénérés au dernier degré, et au premier sens du terme. Eux ont oublié qu’ils ne sont que des animaux, et qu’ils ont beau rouler dans des voitures surpuissantes, porter de fiers costumes, téléphoner en 3G et s’organiser sur Palm, leur misérable enveloppe charnelle ira comme les autres pourrir pour nourrir le sol. Nous, à part la barbe qui pousse, les cheveux qui tombent et le cancer en fin de vie, rien ne nous rappelle à la nature.

Mais dans l’ensemble, j’aurais plutôt tendance à me réjouir de cet état de faits. Je suis moi-même trentenaire, et me considère comme célibataire, malgré (ou à cause de !) Sidonie. Je suis absolument seul, je n’ai pas de femme, pas d’enfants, pas de patron ni même de mère ; bref, personne à qui rendre de compte. Et personne pour me dire : il est temps de baiser, dépêche-toi, sinon tu ne pourras plus procréer. Certes il y a parfois un banquier, un propriétaire ou un vieux plan cul pour me rappeler à mes obligations. Mais si l’envie me prend de ne penser à rien, grand bien m’en fasse. En gros, la nature me laisse tranquille. Et en échange, pour la remercier, je laisse la nature tranquille. Particulièrement ma nature. Je ne l’embête pas avec de puériles considérations de physique, d’âge ou de santé. Je ne fais rien contre mon début de calvitie. Mes rides naissantes creusent mon visage à leur gré. Je ne vais jamais chez le médecin, notamment de peur de me retrouver avec une sale maladie : car où attrape-t-on des maladies, si ce n’est chez le médecin ? J’allais très bien avant ma consultation ; en sortant, j’avais un cancer enrobé d’un taux de cholestérol anormalement élevé. Franchement je ne tiens pas trop à savoir dans quelle déréliction avancée se trouve ma trentenaire carcasse. Un jour, définitivement rouillée, elle se rompra par surprise, et ce sera bien.

***

Cette nuit, j’ai fait un cauchemar érotique. J’étais au lit avec une jeune fille, une asiatique (je n’ai jamais eu l’occasion de coucher avec une asiatique), très sexy et très open. Après divers préliminaires, composés entre autres de *** et d’*** ***, vint le moment de la pénétrer de mon cinquième membre. Et là, échec total. Impossible. Je ripais, je cognais à côté, c’était comme si la belle avait été fermée entre les cuisses. Panique. La fille me hurle dessus. Je me réveille.

vendredi, 12 mai 2006

onze (retour de bâton)

Le sort s'acharne sur moi. Tout mon potentiel chance annuel s'étant déversé en l'espace de cinq jours, la semaine dernière, il faut bien maintenant que je me résolve à l'évidence : la roue tourne. Une maîtresse à la maison (ou plutôt, moi chez elle, bon), un boulot tombé du ciel, plein d'argent (j'ai oublié de dire que j'ai aussi trouvé un billet de 20€ sur la ligne 9 ; je m'étais promis de le donner au prochain clochard sur mon chemin mais je n'en ai pas croisé, croyez-le ou non), de nouvelles relations, de réjouissantes perspectives d'avenir, tout ça, malheureusement, ce n'est pas gratuit.

Ca a un prix, que je paie aujourd'hui.

Personne n'ignore, pour commencer, quel accueil la perfide Sidonie a hier réservé à mes propositions alléchantes à plus d'un titre. J'ai l'air de prendre ça à la rigolade, mais apprendre que ma partenaire sexuelle quasi-exclusive se fait entretenir la tuyauterie par d'autres plombiers que moi, ça m'attriste réellement. Ca procure un sentiment étrange, fait à la fois d’attirance redoublée et de répulsion bien légitime. Je sais bien que cette attaque cruelle n’a pour but que de pointer du doigt les incohérences et mêmes les malaises de notre relation, et que j’aurais tort de me braquer. Me voilà donc bien contre mon gré en pleine phase « reconquête de Sido », cherchant des idées de cadeaux, câlins, surprises et autres douceurs. Un véritable calvaire, quand on sait que fondamentalement, cette fille m’est bien égale, que je ne suis pas plus amoureux d’elle qu’elle ne l’est de moi, et que nous sommes en plus profondément différents. Mais je la regretterai plus tard, c’est certain. Alors : efforts.

J’étais plongé dans ces intenses réflexions, hier soir, en rentrant d’un dîner (correctement arrosé) chez des amis dans le douzième, quand le taxi, arrivé devant chez moi, me lance :
— Ben j’en connais un qui s’est débrouillé pour ne pas rentrer seul », tout en désignant un couple tellement enlacé qu’il en avait du mal à marcher. Le type avait la main sur les fesses de la fille et semblait lui susurrer des trucs salaces à l’oreille, ce qui faisait manifestement couiner la petite. Con de taxi, j’aurais dû lui demander de quoi je me mêle. Mais la répartie, ça ne marche que quand c’est écrit d’avance, moi j’ai jamais pu y arriver en direct. Bref, je paie (le chauffeur a gardé la monnaie sans même que je lui propose, comprenant que je ne le ferai sans doute pas), descends et arrive à hauteur du couple. Catastrophe ! c’était Karen, la Danoise, avec un grand gars beaucoup plus fort et grand et beau que moi ! Dire que je la pensais secrètement éprise de mon allure d’artiste. Mon cul oui. Elle se tape tout Paris, et elle doit faire le mur, en plus, parce que ça m’étonnerait que mes voisins la laissent sortir avec des pervers jusqu’à deux heures et demie du matin, et en semaine encore. D’ailleurs, elle a eu l’air bien embêtée que je la surprenne en pareille position. C’était son tour de bafouiller et bredouiller (alors que le bonhomme, lui, m’a lancé un regard aussi rieur que méprisant). Je l’ai plantée là et j’ai avalé quatre par quatre les marches qui mènent à ma pesante solitude.

Trahi par les filles deux fois en une seule journée, c’est dur. Je me demande quelle tuile va bien pouvoir me tomber dessus aujourd’hui.

dix (nouveau souffle)

A partir de maintenant, et notamment afin de faciliter la lecture de la colonne "commentaires", chaque note portera, en plus de son numéro, un titre. La parenthèse est allègrement pompée sur OUAIS BON, le blog de Vernis Rouge, que je vous recommande chaudement (même si sa dernière note est nulle).