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lundi, 17 juillet 2006

trente-sept (sans moi)

Les colonies de vacances, les scouts, les sports collectifs, toutes ces conneries d’activités en équipe, et même l’école, dans une moindre mesure, ça n’a jamais été mon truc. Alors l’armée, vous imaginez. Douze mois à faire des lits au carré et à récurer des chiottes sous les ordres d’un type trois fois plus bête que moi encore, habillé comme un guignol et chantant la Marseillaise tous les matins à cinq heures au son du clairon, merci bien. Je sais de quoi je parle : j’avais un grand-père militaire de carrière, au Génie me semble-t-il, c’est un des plus grands cons que j’ai connus. Injustement sévère, borné, directif, bourré de principes, il avait été aide de camp de de Gaulle ou quelque chose de ce genre et les photos de lui avec le général trônaient fièrement dans chaque pièce de son illustre demeure, comme les médailles qu’il n’avait pas eues. D’ailleurs avait-il jamais fait la guerre ? Ca m’étonnerait, la guerre, ça sonne un homme, ça vous l’assomme, ça le désarme.

La question de savoir comment éviter le service militaire s’est donc posée pour moi dès l’âge de cinq ans - dès que j’ai appris son existence, à vrai dire. Je m’étonne d’ailleurs chaque jour du fait que j’aie si peu changé depuis l’enfance… Heureusement pour moi, l’heure venue, il fut assez facile de se faire exempter. Je crois que je ne connais personne de ma génération qui ait fait son service militaire, soit qu’il fût encore à suivre de pseudos études, soit qu’il ait évoqué d’obscures raisons de santé. Même la P4 il paraît que ce n’était pas dur à obtenir, sans avoir besoin de jouer le zinzin ni rien. Mais bon, il paraît aussi qu’il vous suit toute la vie le tampon P4, jusqu’à l’entretien d’embauche et même la demande de location ; c’est peut-être une rumeur mais rien que dans l’idée c’est un peu angoissant. Toujours est-il que quand on a commencé à s’intéresser à mon cas, j’étais par bonheur en stage dans une agence de communication, et donc indisponible. J’ai quand même dû faire mes trois jours, qui ne se résumaient finalement qu’à une seule journée dans une caserne à Blois : pourquoi Blois, mystère, en tout cas ça m’a suffi pour savoir à peu près ce qu’était la condition du cochon dans un élevage. Et puis très vite, on annonça l’abolition de cette corvée : le service n’était plus qu’un vieux souvenir désuet et poussiéreux, et j’étais définitivement sorti de l’auberge.

Mais avec la guerre, rien n’est jamais sûr. Attentats du 11 septembre, conflit en Afghanistan, invasion de l’Irak, Iran et Corée du Nord qui s’excitent sec, terrorismes en tous genres, et maintenant Israël qui pète les plombs et menace de détruire un équilibre géopolitique déjà bien instable : la guerre, elle est à portée de main. On la voit déjà tous les jours dans les journaux, aux quatre coins d’un monde de moins en moins rond, alors c’est peut-être pas idiot de s’attendre à trouver un matin, au détour d’une rue, ou placardé sur les murs de sa station de métro, un ordre de mobilisation générale. Les médias s’enflamment, l’opinion publique se consume, on reçoit son affectation, son équipement, son fusil. Et hop, on est parti pour World War III. Non mais t’imagines ? C’est pas de la science-fiction. Ca peut arriver demain, regarde au Liban, tu crois que les mecs ils s’y attendaient, la veille, à se prendre des bombes sur la gueule le lendemain, et avec la bénédiction des Etats du Grand 8 encore ? Je ne connais certes pas tous les tenants et les aboutissants de cette sombre histoire, et ne tiens pas à déclencher de débat, voire même de polémique, que je ne maîtriserais pas ; je sais qu’il n’y a pas les bons d’une part et les mauvais de l’autre ; ce que m’inspirent les événements actuels, c’est simplement qu’on n’est à l’abri de rien, et en tout cas pas d’une bon obus en pleine tronche.

Alors que les choses soient claires : moi la patrie, la France, l’honneur national, je m’en contre-cogne. Le drapeau bleu-blanc-rouge, ça ne me dérange pas trop de le voir s’agiter sur un terrain de foot, pendant quatre semaines de Coupe du monde, mais en cocarde, cousu sur un treillis, c’est à gerber. Comme les autres. Pardon aux soldats qui, c’est vrai, ont plus un rôle humanitaire que destructeur aujourd’hui – du moins les nôtres... Mais la guerre, pas moyen que j’y participe, ni dans un camp ni dans l’autre, je ne prends pas parti et puis c’est tout. Je me défile, je profile bas. C’est égoïste, c’est lâche sans doute ? Mais j’appartiens pas à la France, moi, ou à aucune communauté, ni de race ni de religion ni de rien. Je suis un déserteur. On ne me forcera pas à tuer et à me faire tuer pour défendre je ne sais quelle concept de liberté. Comptez pas sur moi pour défendre vos idées ou vos frontières : j’ai déjà les miennes et c’est suffisamment dur à gérer comme ça.

Commentaires

je trouve ton 1er § un peu cliché et simpliste pour reprendre un vieux débat; pour une fois ce n'est pas mon fait; pour le reste je suis d'accord avec le dernier §; je trouve le patriotisme dangereux et stupide; car finalement on nait français ou autre chose par hasard; et si on était né allemand en 1920 ? est-ce que ça aurait fait de nous de mauvaises personnes ? (tiens ça me rappelle une chanson...); je trouve ça débile de se battre pour un pays; d'aller massacrer des types de l'autre côté de la ligne; également là par hasard; d'aller mourir pour des questions politiques, pour du pétrole, pour le pouvoir; à la limite mourrir pour un idéal ou pour lutter contre l'obscurantisme ou la tyrannie; oui peut être; mais cela revient encore à tuer d'autres êtres humains; et là pas question ! je tue déjà pas les araignées et pourtant je les aime pas !!! mais elles sont là, elles ont autant le droit de vivre que moi, et je vois pas pourquoi moi j'aurais le droit de les tuer simplement parce que j'en ai le pouvoir;

Écrit par : carareglisse | lundi, 17 juillet 2006

Tiens moi aussi j'évite de tuer les petites bêtes, même si c'est un peu idiot (à dire, tout du moins). En ce qui concerne mon 1er paragraphe, j'assume : je n'ai pas fait mon service et ne peux me rallier qu'à une image caricaturale. C'est vrai que si ça se trouve, c'est génial, une véritable "école de la vie" comme on dit ;) Justement, j'attends des témoignages à ce sujet - même si je doute qu'ils viennent.

Par contre le père-grand, c'est lui qui était cliché, je ne fais que reproduire !

Écrit par : thomas | lundi, 17 juillet 2006

j'aime bien ton idée sur l'école de la vie; c'est exactement ce que me serinait ma grand-mère l'autre jour; juste après la déclaration de Ségo; ça doit être générationnel; on peut pas comprendre; mais c'est vrai que à l'époque de nos grand-parents le service militaire c'était surtout le seul lieu de mixité sociale; et surtout le seul où tout le monde était traité pareil; puis il y a eu l'école de jules ferry; et c'est quand même mieux ;=)

Écrit par : carareglisse | lundi, 17 juillet 2006

C'est bien d'être une fille, nous tout ce qu'on aura a faire c'est d'attendre le retour des hommes à la maison, nous cacher dans les caves lors des bombardements et fabriquer des canons au musée d'orsay réquisitionné et reconverti en usine.

A bien y réfléchir, je crois que je vais vraiment déménager à Genève.

Écrit par : Ana | lundi, 17 juillet 2006

sans les idiots en kaki tu n'aurais peut etre pas un endroit ou tu peux dire haut et fort ce que tu penses.

Écrit par : C6L | lundi, 17 juillet 2006

Ana : ou à Rio ?
C6L : Heu, je comprends ce que tu veux dire, mais je ne suis pas sûr de devoir ma liberté d'expression aux militaires. Et d'ailleurs, si tu crois que je dis haut et fort *tout* ce que je pense, tu te trompes... ;)

Écrit par : thomas | lundi, 17 juillet 2006

EUh, si on pense "neutralité en temps de guerre", mieux vaut la Suisse que le Brésil, entre nous :-)

Écrit par : Ana | lundi, 17 juillet 2006

Certes, mais si on pense "éloignement des bombes" ?

Écrit par : thomas | lundi, 17 juillet 2006

si je ne m'abuse, le service a été supprimé à partir des gens nés en 1979
mais j'imagine que c'est pour brouiller les pistes et embrumer l'esprit de tes lectrices.
par contre, ne t'essaie pas au polar ;- )

Écrit par : anne k | lundi, 17 juillet 2006

Toujours à pinailler toi, hein ? ;)
Tu ne t'abuses, le service a bien été supprimé pour les gens nés à partir de 1979. Mais relis moi bien : il suffisait aux hommes nés avant 79 de suivre des études pour bénéficier d'un répit, répit qui s'est transformé en quille dès l'annonce de la fin du service. C'est bon ? :)
Marrant d'ailleurs que tu parles de polars...

Écrit par : thomas | lundi, 17 juillet 2006

en effet. autant pour moi.

ah, c'est pas drôle de vieillir en pleine canicule, avec des aides-soignantes qui vous remplissent de grenadine du matin au soir et qui vous pchittent de l'eau à travers la figure pile pendant que vous faites vos sudoku.

signé tatie Danielle et Garde-à-vous (le chien bien nommé) qui ne vous veulent pas que du mal. :-D

Écrit par : anne k | lundi, 17 juillet 2006

Salut Thounu, euh...Thomas !
C'est normal que tout cela nous travaille, et qu'on pense au pire lors de déclarations de guerre ; aujourd'hui Israël/Liban, hier Etats-Unis/Irak... et les mêmes horreurs, des innocents meurent, les fanatismes se renforcent, la paix s'éloigne pour une D.I (durée indéterminée!)...
Quel dommage, quel gâchis, se dit-on... tout en espérant la non-propagation de la Terreur jusqu'à nos portes...
(Avais-tu vu mon post sur le 14 juillet, publié le 15, où je faisais un drôle de parallèle entre feux d'artifice et bombardements?)
En ce qui me concerne, je n'ai pas trouvé ta 1ère partie "cliché", c'est une intoduction, plutôt "originale", avec des anecdotes familiales, nous permettant de mieux te connaître...(tes ancêtres ont côtoyé De Gaulle, cela te donne le droit de te lâcher dans les dernières lignes de ton post ["l'opportuniste" de Dutronc, qui retourne sa veste, toujours, du bon côté!]).
Je me suis une fois de plus régalée!
merci
sophia

Écrit par : sofu | lundi, 17 juillet 2006

t'inquiètes même si on te force, on monteras un comité de défense pour te faire reconnaitre d'utilité publique, indispensable... un truc quoi !!

Écrit par : elsalou | lundi, 17 juillet 2006

juste dernier detail ,si tu ne leur dois pas ta liberté d'expression sans eux tu n'aurais pas le moyen de t'exprimer via internet: invention mili au depart.( oui, je sors)

Écrit par : C6L | lundi, 17 juillet 2006

A relire cette note, je me rends compte qu'elle passe pour primairement anti-militariste... Et pourtant, j'ai égorgé tout un paragraphe sur le ridicule des défilés militaires, notamment celui du 14 juillet !

Il est bien sûr hors de question de remettre en doute l'évidente nécessité de l'armée : l'actualité nous en fait malheureusement, une fois de plus, la démonstration. Ce serait comme dire que, comme je n'aime pas les colonies de vacances, on doit les supprimer. Non, le fond de ma pensée, c'est simplement que je ne suis déjà pas fait pour travailler en équipe, alors quand on y ajoute le cadre de la guerre, le patriotisme et tout le défilé, c'est vraiment pas possible. Ce genre de gros merdier, je préfère le fuir comme un lâche que de l'affronter.

... Anne k : c'est le moment de citer Balavoine :D

Sofu : ça fait longtemps que je ne loupe plus aucun de tes posts ! Et je me rends compte que mes notes reprennent souvent, inconsciemment, celles que je lis chez les autres. Jusqu'à certaines expressions qui ne me sont pas familières et qui pourtant se retrouvent sur ces pages, how strange !

Elsalou : c'est ça que j'attendais, merci !

C6L : reviens ! tu as absolument raison !

Écrit par : thomas | lundi, 17 juillet 2006

OH!!!!la!la!
je... suis en lien sur ton blog.... que l'on sorte champagnes et... champagnes... les "vieilles Cliquot" feront l'affaire!!!
Merci beaucoup!
Sophia, l'honorée!

Écrit par : sofu | mardi, 18 juillet 2006

Et dire que c'est grâce à l'Armée que je suis libre de jouer à Pacman en réseau.
I needed closure.

Buvons plutôt du champ' à Sofu, c'est plus mieux.

Écrit par : Zaz, l'amour, la guerre et les ratons laveurs | mardi, 18 juillet 2006

Sofu : du calme ! :D
Zaz : Jeux en réseau ? Bêêrk ! Je serais plutôt game boy d'égoïste ;)

Écrit par : thomas | mardi, 18 juillet 2006

rhoooooo; moi aussi !!!! Merci Tom Tom; oui champagne à volonté, des rivières, des océans de champagne; Cliquot, Moet et Chandon; on se baignera dedans jusqu'à l'aube; et ensuite on ira faire pipi tous les trois au pied d'un arbre en chocolat, Sofu, toi et moi;

Écrit par : cara très touchée | mardi, 18 juillet 2006

Tiens c'est marrant, ça. Thomas, nous sommes dans le même cas : nés avant 79, et ayant bénéficié de la quille anticipée comme tant d'autres.

Pourtant, là où nous sommes radicalement différents, c'est que si mobilisation il y avait, j'en serais, et avec fierté encore.

Écrit par : Ursun | mardi, 18 juillet 2006

Cara : :)

Ursun : Ah, enfin ! Intéressant, j'aimerais bien avoir ton témoignage. T'es patriote ? Pourquoi ? (heu, t'as pas d'url ?)

Écrit par : thomas | mardi, 18 juillet 2006

Oh ! oui ! youpi!
je suis partante...

Écrit par : sofu | mardi, 18 juillet 2006

ok ok pour le pour le propos de cette note; "patriote" est personnellement un mot que je ne connais pas. Patrikoi? :-P

A côté de ça, je vais faire un "écart" par rapport aux autres commentaires. (qui reprennent l'idée de guerre, de militaires, etc.)



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"Je m’étonne d’ailleurs chaque jour du fait que j’aie si peu changé depuis l’enfance…"

J'adore cette phrase.
Bizarrement c'est celle qui m'a peut-être le plus frappée (outch! un marron!) dans cette note..

Allez savoir pourquoi...

Écrit par : mil(oose) aka double rockeuse :p | mercredi, 19 juillet 2006

Bon, bah Ursun il est pas revenu, dommage. J'attends que ça, moi, d'autres points de vue que le mien...

Double rockeuse : ta présence sur ces pages me réjouit et m'honore ! Marrant que tu parles de cette phrase, j'ai failli la virer. Non pas que l'idée ne me plaît plus, mais au contraire elle aurait presque pu faire l'objet d'une note entière...

Écrit par : thomas | mercredi, 19 juillet 2006

Pourquoi je suis patriote ? C'est une bonne question :)

Sans doute ai-je dévoré trop de romans d'aventure étant plus jeune. A mes yeux, la guerre, comme tant d'autres choses, n'est ni un mal ni un bien. Seulement un évènement avec des conséquences douloureuses qui permettent aux individus de donner le meilleur d'eux-mêmes.

Si je suis moi-même prêt à mourir le famas à la main, c'est pour une idée que je me fais du pays où je vis, idée qui correspond fort peu aux faits, mais qui a le mérite d'exister, et de me pousser, ainsi que quelques autres qui la partagent, à oeuvrer pour lui donner corps et vie. Et pour que d'autres puissent continuer à propager cette idée, à la faire grandir et rayonner, alors je suis prêt à me battre.

Écrit par : Ursun | mercredi, 19 juillet 2006

Ursun : merci de ta réponse...

Drôle de réponse, d'ailleurs, qui risque de te faire passer pour un idéaliste, non ? La guerre, c'est pas un roman d'aventures ! J'ai un peu du mal à te cerner, espérons que l'url que tu as laissée va m'y aider.

Écrit par : thomas | mercredi, 19 juillet 2006

Ah, mais je SUIS un idéaliste. Je le revendique. Ce sont d'ailleurs les premiers qui s'en vont mourir à la guerre, c'est bien connu !

Écrit par : Ursun | jeudi, 20 juillet 2006

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