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mardi, 02 mai 2006

trois

Depuis plus de trois ans, j'habite rue Monge, dans le cinquième arrondissement de Paris. Pas du côté quartier latin, Sorbonne et rue Mouffetard, dieu m'en garde, plutôt vers la mosquée. J'aime assez. Je loge dans un studio pas trop petit au dernier étage, sans ascenseur mais avec une vue pas mal : orientée à l'Est, avec un peu de Sud pour la lumière en première partie de journée ; ça m'évite de crever de chaud l'été.

Juste en dessous, a emmenagé au début de l'année scolaire une petite famille avec deux enfants, une fille et un garçon, d'environ 4 et 6 ans. Les parents sont pourtants assez vieux, bien 45 pour le père, un peu moins pour sa femme - disons 40. D'anciens expat qui débarquaient du Danemark. Le type, très gentil, m'a expliqué tout ça quand ils sont arrivés :

— On a passé cinq ans dans la banlieue de Copenhague (ça doit être gai, me suis-je dit) ; les gosses sont nés là-bas (ça, par contre, c'est la classe ! J'ai un pote qui est né à Miami, ça en jette quand même plus que G'nève !).
— Ils parlent les deux langues, alors ?
— Justement, me répond-il, on a peur qu'ils oublient. On a donc demandé à la fille d'un couple de nos amis de venir pendant un an, comme jeune fille au pair, vous voyez.

Si je vois ! Sans déconner, dans cet immeuble de vieux croûtons à qui je n'adresse jamais plus qu'un bonjour, une jeune Danoise esseulée ! Mais je n'étais pas au bout de mes surprises :

— Elle a 20 ans. On va la chercher samedi prochain à l'aéroport. Peut-être que vous pourriez lui faire visiter un peu la ville ? Si vous avez le temps, bien entendu. Elle sera contente d'avoir un peu de compagnie.

Là, putain, j'ai bien failli m'étrangler. Le monde s'écroulait. Un coup de chance pareil, ça ne m'était jamais arrivé. Mais comme j'ai toujours l'angoisse qu'on découvre le vieux pervers que je suis, je fais le mec sérieux, distant, cold-blooded, bref qui ne s'emballe pas. Avec la surprise en plus, j'ai dû baragouiner un truc du style "euh, oui je vais voir" ou bien "peut-être, si j'ai le temps"...

Quand on s'est quittés, j'ai eu peur d'avoir été trop froid, et que le type se dise hum, ça va l'embêter, c'est sûr, il doit avoir d'autres choses à faire, et puis sa copine (les types de ce genre n'imaginent jamais qu'on puisse être célibataire) va voir ça d'un mauvais oeil. Sûr, j'avais tout gâché. Il arrivait avec le sourire, les bras ouverts, prêt à faire connaissance avec sa nouvelle vie ; il m'offrait de surcroît une petite Danoise pour mes fins de soirée, et moi comme un con, ah ! c'est comme si je lui avais dit non. J'en ai pas dormi de la nuit.

Commentaires

Oui, mais si tout ça, c'est de la fiction...

Écrit par : sancho | mardi, 02 mai 2006

Qui sait ?

Écrit par : thomas | mercredi, 03 mai 2006

Thomas, tu as laissé de charmants commentaires sur mon blog... Un grand merci. Je viens de lire l'intégralité de tes notes (tu me diras, ce n'est pas encore trop trop long). Et... comment dire ? Mon premier sentiment a été celui de la déception. Déception inévitable, je crois. Oui, parce que, quand on met ses chaussures et son chapeau pour aller chez monsieur le libraire acheter le dernier Amélie Nothomb, on s'attend pas à faire connaissance avec elle. On s'attend à de la fiction pure et simple. Mais quand on clique sur le lien d'un gentil garçon qui a laissé un commentaire sur notre Bloblog chéri, on s'attend à tomber sur une personne, pas sur un personnage. C'est toujours décevant de se dire que tu pourrais bien t'appeler Tintin, ou Zorro, pourquoi pas ?

Cependant, cependant, mon second sentiment... comment le décrire ? Une sorte de curiosité obsédante, à la fois agançante (parce qu'elle demeure inassouvie) à la fois savoureuse : "Est-ce que c'est vrai ? Dans quel mesure est-ce vrai, si c'est vrai ? Quelle personne se cache sous ce personnage ? Quel personnage se cache sous ces trois premières notes ? ????????? " Je voudrais savoir !! percer à jour l'intrigue à laquelle tu es en train de donner naissance !! Je sais que ce n'est pas comme un bouquin. Il est écrit, il est écrit, point. Je sais que l'écrivain est à portée de main, il est en train d'écrire sous mes yeux et je voudrais lever le voile...

Bref, tu comprends donc que ton blog m'a mise dans tous mes états. Rires !!!
Tu sais, on joue tous un rôle. On se met pas à écrire par hasard, on se met à écrire pour créer quelque chose. Et c'est sûr, qu'on se créé tous des personnages plus ou moins proches de la personne que nous sommes. Seulement, dans la majorité des cas, on ne se l'avoue pas. Parce qu'il est plaisant de croire et de faire croire à la fiction. C'est comme si "Titanic" finissait par une scène de cinq minutes dans laquelle Léonardo di Caprio disait : "Bonjour, je suis Jack, je ne suis qu'un personnage, donc à vrai dire, ce n'est pas la peine de pleurer parce que je suis mort, tout cela n'était qu'une fiction." Je crois que ça "refroidirait" (c'est le cas de le dire) pas mal de spectateurs. Même si tout le monde sait que ce n'est qu'un film. La fiction aime s'affirmer en tant que vérité authentique. Le fiction s'impose parfois même au-delà de la vérité. Elle exerce davantage d'emprise. Elle est, par définition, manipulée et manipulatrice. Elle est là pour séduire, pour aguicher, pour rallier.

Alors, pour ça, oui. Ta fiction a su me séduire par son originale "sincérité". Là où certains seraient "refroidis" (cf. commentaire de sancho : "Si tout ça c'est de la fiction... à quoi bon ?" ), moi je préfère me prendre au jeu. A ton jeu.

Ton histoire interpelle, intrigue, suscite des interrogations, attise la curiosité... Tu as gagné ! Je pense que les lecteurs vont accrocher ! (Rires.... tout ça pour dire ça)!!

Bise

Écrit par : Satine | mercredi, 03 mai 2006

LOL. Je viens de me relire et je ne sais pas si tu comprendras bien ce que j'ai voulu dire. Je me trouve embrouillée. LOL.
Je me permets de surenchérir donc (je suis insomniaque, ceci explique cela) : je voulais dire, que ce soit bien clair, qu'en général on aime bien faire comme si "Titanic" c'était une histoire vraie (je prends "Titanic" par hasard, j'aurais pu prendre euuhh, je sais pas moi ! "Légendes d'automne", "Coup de foudre à Notting hill", bref...). Oui, même si on sait que c'est un film, on aime bien faire comme si Jack était vraiment mort, et que c'était très triste et Rose, la pauvre, elle est toute désolée, etc... etc...
Si on arrive à ce point à "entrer dans le film", c'est parce qu'il est plus ou moins vraisemblable et il se présente comme une histoire vraie : la vieille dame raconte sa vie. Pourquoi la vieille dame serait-elle une menteuse ? Non, tout le monde la croit. Même si tout le monde sait pertinemment que la vieille dame n'existe pas.

Voilà, et pour les blogs, c'est pareil. Moi, je vais lire le blog de Brigitte Jean, par exemple (je te le conseille d'ailleurs, elle écrit très bien), eh bien il lui arrive des trucs cocasses, assez incroyables mais tout à fait vraisemblables. En plus, elle établit une sorte de pacte dans lequel elle jure qu'elle dit la vérité. Alors forcément, je la crois. Et ça me fait plaisir de la croire même si je sais pertinemment que c'est une vérité manipulée, romancée, mise en scène etc...

Mais toi, j'arrive et tu me dis d'emblée : c'est de la fiction. Eh bien 1) ça me décoit parce que moi j'étais toute disposée à te croire. 2) ça m'intrigue parce que c'est assez rare cette ambiguïté recherchée et revendiquée. 3) ça m'attire pcq j'aime l'original et l'ambigu.

Voilà. c'est plus clair, j'espère. Félicitations, je reviendrai ! (Rires.... Re-tout ça pour re-dire que ça) !

Écrit par : Satine, un vrai boulet, à son tour | mercredi, 03 mai 2006

Non, juste pour te rendre la monnaie de ta pièce. Tu m'as laissé 4 commentaires, je t'en laisse 4. Point. T'as pas à broncher. De tte façon t'es qu'un personnage !! beup ! Rires...

Écrit par : Satine et de trois | mercredi, 03 mai 2006

Satine, tu m'as vraiment l'air brillante... Je suis relativement couche-tard moi aussi mais je ne te répondrai que demain : mon clavier fait un bruit du tonnerre et ça m'embêterait de réveiller ma Sido qui roupille à côté.

Bonne nuit !

Écrit par : thomas | mercredi, 03 mai 2006

Ma réflexion métaphysique sur "fiction/vérité" est vraiment trop trop puissante !! Je devrais plutôt me réorienter vers la philo. Qu'en penses-tu ? Rires...

Je m'attends à ce que tu me jettes quelques fleurs, bien entendu... ;-)

PS : j'espère que tu n'es pas vraiment né en 1976.

Écrit par : Satine et puis je vais me coucher | mercredi, 03 mai 2006

Ah, tu es trop rapide...

Écrit par : thomas | mercredi, 03 mai 2006

Oh ! Bonne nuit !!!!!!!
Merci pour les fleurs... Avant même que j'aie le temps de les demander !
;-)

Écrit par : Satine et puis je vais me coucher | mercredi, 03 mai 2006

Pour commencer, Satine, merci du temps que tu as passé à commenter mes débuts - si j'en juge à la longueur et au nombre de tes interventions. J'ai peine à croire que tu sois si jeune, même si ton discours est parfois émaillé (et ce n'est pas un reproche) de marques de riante insouciance, et de références cinématographiques vraiment limites ;) Ne te fais pas philosophe, je t'en prie.

Je t'avais fait une réponse longue comme le bras, que je viens d'effacer. Je préfère la concision, parce que je prend vite mes grands airs ; d'autre part, je ne voudrais pas que mon caractère fictionnel empiète sur ma narration, la seule qui compte vraiment.

Tu as raison : je pars du constat qu'on joue tous un rôle, plus ou moins involontairement, qu'on se ment forcément un peu à soi-même. Surtout quand on se raconte ! Il me semble que le seul moyen d'échapper à cette règle, c'est de dire : " ici tout est faux, enfin presque". Je retire tout ce qui me bride, et je me construit avec une liberté que je découvre.

Je ne sais pas encore trop ce que ça va donner, ce que *je* vais donner. Mais je compte beaucoup sur mes éventuels lecteurs et commentateurs pour me faire une vraie personnalité, me construire une vraie vie. Parce qu'ici, tout est faux, et rien n'est plus vrai, non ?

Voilà. Encore une fois, ce qui compte, c'est la narration. Je ne voudrais pas trop embêter les gens avec cette histoire de fiction / réalité. Juste une dernière chose : je suis bien né en 1976... le 15 mars, à Genève ;)

Écrit par : thomas | mercredi, 03 mai 2006

Je crois que je t'adore !! Rires

Rien à redire de ta réponse : pour une fois, je mets au placard mon sens très aigu de la contradiction et de la discorde. Et pour cause, je suis d'accord avec toi. La narration est le coeur de l'écriture. S'il est vrai que je me plais à m'étaler dans des "pseudos analyses" étayées par des références cinématographiques vraiment limites (n'est-ce pas ?), je n'en suis moins sensible à la beauté de ton style. Tu écris comme un vrai écrivain ! Je m'en vais donc de ce pas lire la suite des aventures de Thomas Mossian, dit Tintin ou Zorro. Car, finalement, le lecteur est roi, tonerre de Brest ! Et je me targue de t'appeler comme je veux. Parce que (et ce n'est pas un reproche), je n'aime pas trop ton nom. Thomas, ok, mais Mossian, bof bof. Rires !

PS: Moi aussi j'aime la concision, mais la concision n'aime pas. Point à travailler. Moi aussi, tendance à prendre de grands airs. Pire, sorte de délectation à prendre de grands airs.
PPS : Zut ! Je ne trouve pas que c'est une bonne année, 1976 (point de vue infondé, pétri de subjectivité). 1987, beaucoup mieux, tu trouves pas ? Genève, j'y suis allée une fois. Beau souvenir. Un grand lac et des belles voitures partout, entre autres...

Écrit par : Satine | mercredi, 03 mai 2006

Je viens de découvrir ton home à mots. J'aime bien l'idée du pacte de lecture.

Écrit par : zorg | lundi, 15 mai 2006

éclat de rire...mais je vois que tu peux être drôle quand tu veux, du coup je ne regrette pas d'avoir commencé ton blog du début...j'ai dû commencer par le mauvais bout mais maintenant je tiens le bon...bout...rire

Écrit par : noir intense 35 | vendredi, 30 mars 2007

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