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dimanche, 21 mai 2006

dix-huit (polaroïds #8 et #9)

Ma liste de notes à rédiger est en train de me dépasser complètement. J’ai promis d’aborder les taxis parisiens et le ferai. Il serait également utile de débriefer un peu l’ « histoire Charlotte », qui a suscité des commentaires auxquels je ne m’attendais pas. La pauvre a été abusivement chargée, à mon sens. En outre, mes allégations d’ivrogne semblent aussi avoir été prises au sérieux, alors que les plus sincères résolutions ne feront ce me semble jamais plier une nature. Enfin, il faudrait que je vous parle de Constance. C’est un personnage romanesque comme on n’en fait plus. Peut-être même commencerai-je par là ?

En attendant, voici comme promis également mes tentatives huit et neuf d’écriture de la lumière. J’étais samedi au Jardin des Plantes, par un temps splendidement orageux, en charmante mais discrète compagnie. (G., si tu me lis, le vent porte ton parfum.) En sortant, j'ai commis ces vues Nord et Sud de la mosquée de Paris.


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Il ne reste plus qu'une photo dans le polaroïd.

lundi, 15 mai 2006

treize (quêtes, conquêtes et reconquêtes)

Ce soir, j’invite Sidonie au restaurant. Je ne sais pas trop où. C’est toujours compliqué de sortir tous les deux, vu qu’on habite vraiment loin l’un de l’autre et que nos quartiers respectifs ne sont pas terribles niveau cantines. Si quelqu’un connaît un bon endroit dans le cinq, je veux bien qu’il me le signale, trois ans que j’y vis et je ne sais toujours pas où on peut y manger un peu correctement. Bref, on risque encore de se retrouver dans le dix, le onze ou le douze, voire même plus à l’est, dans le dix-neuf ou le vingt, arrondissements que curieusement je connais beaucoup mieux.

Sans chercher à lui en mettre plein la vue, j’aimerais que ce dîner sorte un peu de l’ordinaire. Qu’on mange vraiment bien, qu’on boive du Saint-Estèphe ou du Meursault - Madame aime le luxe. Qu’on parle, qu’on s’entende et qu’on rie. Je lui ai acheté un sautoir en lapis-lazuli qui ira très bien avec ses yeux profonds, je ne m’y connais pas très bien en pierres et en joaillerie mais il m’a coûté bonbon, ça a intérêt à lui faire plaisir. Enfin, il faut encore que j’ose lui offrir : j’ai horreur de ce qui fait trop officiel, genre déclaration, demande en mariage et tout, et puis je redoute un peu sa réaction. Elle est capable de trouver ça moche et de me le dire sans ambages, ou de faire la moue et de sortir « mais si, ça me plaît », ou même encore me lancer froidement que si je crois pouvoir l’acheter avec des bijoux de pacotille, je ferais mieux d’aller faire les sorties de lycées.

Allez, je suis mauvais. J’exagère légèrement. La pauvre Sido a beau être une chipie, je la charge un peu de trop. Et puis, de toute façon, j’adore les chipies. Je raconterai bien évidemment le déroulement de la soirée.

Je raconterai aussi mon après-midi de demain avec Charlotte. Charlotte est une fille un peu plus jeune que moi, aussi brune que Sidonie est blonde, et qui est la sœur d’un de mes bons amis. A 25 ans à peine, elle travaille depuis déjà cinq ans dans divers petits boulots de serveuse ou de vendeuse. Sa passion, c’est le dessin, l’illustration, un peu de graphisme aussi ; elle est assez douée mais n’a aucune formation dans ce domaine. Pourtant elle voudrait bien y rouler sa bosse, et cherche des conseils, voire des pistons. C’est pourquoi son frère l’a aiguillée sur moi… Me voilà donc parachuté sauveur de jeunes femmes en détresse, un de mes rôles préférés. Charlotte est à peine un peu ronde, c’est-à-dire, elle a des formes bien dessinées et les met en valeur sans le savoir. Des joues légèrement charnues, et rosies, une poitrine importante (alors que Sido a plutôt de petits seins), souvent décolletée, un peu de ventre et des fesses bien rebondies. Evidemment, elle se trouve trop grosse, mais elle a la chance d’être parfaitement proportionnée et d’avoir de surcroît un assez joli visage au très beau teint de porcelaine. Bref, vous l’aurez compris, j’ai envie d’elle. Mais la potentialité d’une relation d’ordre sexuel entre nous reste faible, et dépend de ma soirée de la veille avec Sido, du niveau de mon audace (le frère de la demoiselle étant un de mes plus proches amis, je ne peux décemment faire n’importe quoi), et, bien sûr, de la volonté d’une fille déjà maquée depuis longtemps... Un vrai challenge comme je les aime.

mercredi, 03 mai 2006

quatre

Pendant plusieurs jours, je n'ai plus croisé mes voisins et l'histoire m'est un peu (...) sortie de la tête. Et puis, finalement, je l'ai vue, dans l'escalier, avec les deux mômes à chaque bras. J'ai immédiatement su que c'était elle, et je peux vous dire que c'est un fantasme ambulant, parfait cliché de la fille du Nord : grande, fine, un joli nez à peine retroussé, des petites quenottes admirables et un accent du tonnerre. Seul accroc à la règle, et de taille : elle est brune. Moi personnellement ça ne me gêne pas, mais j'ai immédiatement pensé que la rareté de sa teinte devait en faire une proie recherchée dans son pays d'origine. Profiter de l'occasion pour faire connaissance aurait été facile, malheureusement j'étais pressé, moche, seul : je ne me suis pas attardé. Je lui ai lancé un bonjour amical mais discret qu'elle m'a rendu, charmant.

Je ne l'ai revue que deux ou trois fois en plusieurs mois, et rarement de près. Ma crainte d'avoir refroidi les ardeurs de mon voisin étaient justifiées, puisqu'il ne m'a jamais reparlé de sortir la jolie. A moins qu'il ne fasse partie de ces types qui s'emballent dès la première rencontre, meilleurs amis du monde, vas-y que je te tape dans le dos et tout et tout, je te propose des choses merveilleuses à faire ensemble, et puis finalement pffrt, ça se dégonfle comme un soufflé. C'est cela je crois qu'on appelle sympathique. Me suis toujours méfié de cette prétendue qualité.

Et puis, l'autre jour, hier en fait (c'est ce qui m'a fait penser à vous en parler — je parle déjà comme si j'avais des millions de lecteurs, vous avez remarqué ?), hier donc, je l'ai surprise dans l'entrée de l'immeuble. Elle se recoiffait devant le miroir dans un petit déhanché tout à fait attirant, qu'auréolait grâcieusement une robe d'été verte et blanche. J'étais encore moche et seul (ça m'arrive vraiment toujours aux mauvais moments), mais je l'ai saluée et j'ai sorti : "Alors, on se fait belle ?", avec le sourire, genre petite pique gentiment ironique. Elle n'a pas du bien comprendre parce qu'elle m'a répondu dans un sourire épatant : "Merci !". Sûr que ce qu'elle a pris pour un compliment lui a fait plaisir. D'autant que j'avais mon carton à dessin et mon grand book noir, c'est bien, ça fait artiste ; les étrangères elles adorent les artistes, parisiens de surcroît. Non ?

Ce qui m'embête, c'est que j'ai demandé à Sidonie si je pouvais rester chez elle jusqu'à la fin de la semaine, parce que j'ai à faire sur les Champs et qu'elle habite avenue Victor Hugo (quand je vous dit qu'elle gagne plein d'argent). Me voilà exilé alors même qu'il m'aurait fallu enchaîner tout de suite sur la petite, en l'invitant par exemple dès aujourd'hui ou demain à faire connaissance autour d'un café. Faut que je trouve le moyen de regagner mes pénates sans alerter la Sido.