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mercredi, 24 mai 2006

vingt (de l'effet des macarons dans les cheveux des filles)

Hier soir, je suis allé à un concert. Il y avait devant moi, juste devant moi, une jeune fille blonde, pas très grande, avec les cheveux coiffés en macarons. J’adore les macarons dans les cheveux des filles. Elle portait un petit débardeur blanc tout ce qu’il y a d’estival, des anneaux très simples aux oreilles, et un collier de grosses perles en verre coloré.

L’idée m’a traversé l’esprit un moment de glisser mon bras gauche sous le sien, de sentir en passant la moiteur de son aisselle, et d’aller délicatement poser ma main au-dessus de sa poitrine ; ma dextre irait alors trouver sa gorge et lui renverser doucement mais fermement la tête en arrière, un peu sur la droite, tout en ramenant son corps contre le mien. Je n’aurais eu ainsi plus qu’à lui mordre goulûment le cou tendre et frais qu’elle m’aurait offert, pour un baiser splendide dont elle se serait longtemps souvenu.

Au dernier moment, j’ai pensé que ça ne se faisait pas.

mercredi, 17 mai 2006

quinze (polaroïd #7)

S’il y a un domaine dans lequel je n’ai aucun avenir, en dehors des affaires, de la justice, du journalisme, de la médecine et des sciences en général, de la musique, de la cuisine, de la mécanique et du bricolage, c’est bien la photographie. Je possède simplement, comme tout le monde, un petit compact numérique acheté à la Fnuck il y a au moins trois ans, tout pourri (il a survécu non sans séquelles à une chute de 30 mètres en Ardèche) et qui n’a pas vu la lumière du jour depuis belle lurette. Non pas que je n’aime pas ça, au contraire, j’adore les photoblogs et tout ce qu’on voit sur le net, et visite régulièrement les petites galeries parisiennes de derrière les fagots. Mais je suis nul. Enfin pas nul, mais pas assez fort. J’avais arrêté le tennis pour la même raison : je n’étais plus le meilleur. La sale mentalité, quoi, mais bon, j’avais dix ans.

Bref, tout ce bavardage pour dire que j’ai retrouvé par hasard un polaroïd acheté avec Sido lors d’une brocante en province, l’été dernier. On a pris seulement six clichés avec, puisqu’il en reste quatre sur la pellicule. Aucune idée de ce qu’ils représentaient, ni ce qu’ils ont pu devenir.

Celui-ci, le septième, date de cet après-midi.

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mardi, 16 mai 2006

quatorze (adieu, bonjour)

Quatorze, et déjà je censure... C’est mal barré pour la suite. J’avais donc écrit une longue et molle et lourde note au sujet de mon dîner d’hier avec Sidonie. Peut-être la publierai-je un jour, comme un bon vieux souvenir, mais pour l’instant, j’ai décidé de la supprimer corps et biens, de peur de faire fuir un lectorat déjà plus qu'aéré. Et puis, il faut savoir faire preuve d’optimisme. Voilà, vous saurez seulement que Sidonie est repartie vers de nouvelles aventures, avec un sautoir en lapis-lazuli en prime, et que moi, je n’ai plus qu’à aller voir ailleurs si j’y suis – ce que je me suis empressé de faire, d’ailleurs, en me payant après le resto une bonne vieille cuite des familles, au whisky, dans un bouge infâme du deuxième arrondissement. Oui, oui, tout seul. J’arrête là, sinon je risque de me lancer dans des jérémiades interminables sur la perfidie des femmes et l’absurdité de la vie.

Ce matin, malgré ma douloureuse gueule de bois, je n’avais pas oublié la visite de la sœur de mon ami, Charlotte, prévue pour 14h. Inutile de sauter des lignes et d’aller directement vérifier à la fin de ce paragraphe : autant le dire tout de suite, je n’ai pas couché avec elle. Non. Mais c’est prévu pour vendredi prochain, eh eh... En deux mots, ça s’est très bien passé, on n’a presque pas parlé de son frère et pas du tout de son copain (à croire qu’il n’existe plus, j’ai déjà lancé mon réseau d’informateurs sur la question), abordé juste ce qu’il faut le boulot, les contacts et les pistons, et largement évoqué nos activités, goûts et passions, le graphisme, la peinture, l’art en général. Très bien entendus, beaucoup rigolé aussi, sans doute aidés par les joints qu’elle a roulés, d’une sorte d’herbe vert clair très odorante et diaboliquement efficace. Je n’ai plus trop l’habitude de ces petits délits, moi, il m’arrive de temps à autre de taxer un bout de shit au fils de mon épicier, mais c’est tout. Enfin, elle est vraiment très sympa la Charlotte, tellement plus naturelle que Sidonie, beaucoup d’humour, aimable, jolie, attirante, moins classe aussi et moins intelligente, limite un peu naïve, et un peu potelée comme je l'ai dit, mais rien n’y faisait, je n’avais qu’une envie, c’était de me l’attraper sauvagement et qu’on n’en parle plus.

Quoi qu’il en soit, on a très vite compris l’un comme l’autre qu’il fallait qu’on baise au plus vite, mais sans vraiment se le dire ; c’est toujours resté tacite et ça me plaît d’autant plus. Quand elle est finalement partie pour se rendre au travail, elle m’a pris doucement la tête entre les mains et a posé ses lèvres sur les miennes dans un geste plein de grâce, qui m’a ému comme pas possible, j’avais les bras ballants et je ne savais plus quoi dire. Cinq minutes après, alors que j’avais encore le cœur qui battait comme un maboul, elle m’a envoyé un message qui disait simplement « merci, et à vendredi ». On n’a jamais dit qu’on se verrait vendredi - j’en attends donc le meilleur.

La vie, c’est marrant quand même. Le coup du changement de maîtresse du jour au lendemain, ça me l’avait encore jamais fait.

dimanche, 14 mai 2006

douze (Mossian un jour aussi va mourir)

La majorité des femmes trentenaires célibataires se plaignent principalement de deux choses : d’être déjà trentenaires d’une part, et encore célibataires d’autre part. Qui a dit que les femmes étaient compliquées ? Pauvres d’elles, ce n’est pas leur faute ; mais une urgence dictée par la chimie de leurs hormones et l’instinct de survie de leur espèce les pousse à se morfondre de ne pas trouver le partenaire idéal. Par moments, je les envie de rester si proches de la nature, aussi étroitement liées à la terre et au temps, quand tous les hommes sont de véritables dégénérés au dernier degré, et au premier sens du terme. Eux ont oublié qu’ils ne sont que des animaux, et qu’ils ont beau rouler dans des voitures surpuissantes, porter de fiers costumes, téléphoner en 3G et s’organiser sur Palm, leur misérable enveloppe charnelle ira comme les autres pourrir pour nourrir le sol. Nous, à part la barbe qui pousse, les cheveux qui tombent et le cancer en fin de vie, rien ne nous rappelle à la nature.

Mais dans l’ensemble, j’aurais plutôt tendance à me réjouir de cet état de faits. Je suis moi-même trentenaire, et me considère comme célibataire, malgré (ou à cause de !) Sidonie. Je suis absolument seul, je n’ai pas de femme, pas d’enfants, pas de patron ni même de mère ; bref, personne à qui rendre de compte. Et personne pour me dire : il est temps de baiser, dépêche-toi, sinon tu ne pourras plus procréer. Certes il y a parfois un banquier, un propriétaire ou un vieux plan cul pour me rappeler à mes obligations. Mais si l’envie me prend de ne penser à rien, grand bien m’en fasse. En gros, la nature me laisse tranquille. Et en échange, pour la remercier, je laisse la nature tranquille. Particulièrement ma nature. Je ne l’embête pas avec de puériles considérations de physique, d’âge ou de santé. Je ne fais rien contre mon début de calvitie. Mes rides naissantes creusent mon visage à leur gré. Je ne vais jamais chez le médecin, notamment de peur de me retrouver avec une sale maladie : car où attrape-t-on des maladies, si ce n’est chez le médecin ? J’allais très bien avant ma consultation ; en sortant, j’avais un cancer enrobé d’un taux de cholestérol anormalement élevé. Franchement je ne tiens pas trop à savoir dans quelle déréliction avancée se trouve ma trentenaire carcasse. Un jour, définitivement rouillée, elle se rompra par surprise, et ce sera bien.

***

Cette nuit, j’ai fait un cauchemar érotique. J’étais au lit avec une jeune fille, une asiatique (je n’ai jamais eu l’occasion de coucher avec une asiatique), très sexy et très open. Après divers préliminaires, composés entre autres de *** et d’*** ***, vint le moment de la pénétrer de mon cinquième membre. Et là, échec total. Impossible. Je ripais, je cognais à côté, c’était comme si la belle avait été fermée entre les cuisses. Panique. La fille me hurle dessus. Je me réveille.

vendredi, 12 mai 2006

dix (nouveau souffle)

A partir de maintenant, et notamment afin de faciliter la lecture de la colonne "commentaires", chaque note portera, en plus de son numéro, un titre. La parenthèse est allègrement pompée sur OUAIS BON, le blog de Vernis Rouge, que je vous recommande chaudement (même si sa dernière note est nulle).

mercredi, 10 mai 2006

huit

Parmi les dizaines de commentateurs et -trices qui se précipitent sur ce journal pour débattre avec passion à chaque nouvelle note, j’en retiens une en particulier, encore assez discrète, qui signe sous le nom étrange de Brigitte Jean. La mystérieuse demoiselle (...) me faisait part récemment de ses soupçons concernant un jeune homme « vraiment pas mal » (sic), portant Che, croisé au salon de thé de la mosquée de Paris, et qui l'aurait gratifiée d'un sourire. Partant du constat que j’habite à côté de cette mosquée, rue Monge dans le cinquième arrondissement parisien, et que comme lui, je suis censé avoir un air d’artiste (ça reste à voir), notre visiteuse se demandait tout bonnement si je n’étais pas ledit garçon.

Lui faisant remarquer que rien n’indiquait que je puisse être « vraiment pas mal », comme elle dit, Brigitte me rétorqua en substance que puisque j’avais une copine blonde et jolie, qui de surcroît gagne plus que correctement sa vie, je ne devais pas être trop moche. Merci, Brigitte. Malheureusement, l’honnêteté propre à ces lignes m’oblige à te détromper : je ne suis pas très beau. Pas vraiment laid non plus. Juste médiocre. Un peu lourdeau tout d’abord, ce qui fait dire à Sidonie (et là, attention la formule) que si je ne suis pas un bourreau des cœurs, j’ai du moins un corps de bourreau (ah ! ah ! comme c’est drôle), avec un bide aussi développé que mes pectoraux. Un nez bizarre, un front fuyant, des cheveux incoiffables. Une tête, en somme, qui ne va pas avec mon corps. Vous voyez que je ne suis pas tendre avec moi-même. Mais cette lucidité m’a servi, et m’a permis de développer d’autres atouts dans mon objectif principal et perpétuel de séduction des filles : notamment, je me flatte de le croire, l’esprit.

L’esprit, est essentiel au libertin, et à l’homme en général, bien plus que la beauté. Je pense que l’homme, s’il a de l’esprit, de l’humour, du charisme, une bonne dose de virilité ; s’il a de l’assurance, de l’expérience, s’il a été bien éduqué, sait s’habiller, sourire, parler, écrire, répondre en toutes circonstances, alors, peut mépriser son physique. Pas son apparence : son physique. Attention, je ne dis pas que je réunis toutes ces qualités, bien loin s’en faut (…). Si c’était le cas, je vivrais des jours heureux avec mon seul et unique amour perdu, dont je ne vous parlerai pas à moins de risquer de vous ennuyer plus encore qu’à présent. Mais, bien que je sois seul et malheureux, je n’ai pas trop à me plaindre. J’espère que tout cela ne vous semble pas trop présomptueux. J’ai simplement dit que je n’étais pas vraiment beau, et que je me rattrape comme je peux, sans trop d’échecs, avec d’autres armes.

D’ailleurs, je pense que, dans une moindre mesure, la règle s’applique également aux femmes. Il me semble que la plus pure plastique ne sera jamais suffisamment belle si elle n’a pas le regard animé par l’intelligence, la passion, l’élégance, mais aussi par la profondeur de la tristesse, de l’émotion, du sentiment. Plus encore, c’est cet esprit qui définitivement les rend belles…

samedi, 06 mai 2006

six

Je suis riche ! Mais à quel prix...

Comment raconter ça correctement ? Par où commencer ? Peut-être le plus simple serait-il de revenir à ma dernière note ("note", et encore, ce n'était qu'un petit bout de phrase tout ridicule), datée du mercredi 3 mai 21h37. Ce soir là, je mangeais donc du riz avec et chez Sidonie. La belle avait accepté de m'héberger quelques jours afin de me rapprocher de mes rendez-vous de fin de semaine sur les Champs-Elysées. Rendez-vous tout ce qu'il y a de plus classiques avec des boîtes de distribution de cinéma. Je travaille beaucoup, par exemple, sur les affiches et les dossiers de presse de petits films d’ici ou d’ailleurs. Sans forcément que j'aie à réaliser le travail : on m'appelle souvent pour remplir le rôle de consultant, oui Madame, et ça c'est génial. Je suis alors au graphiste ce que le juriste est à l'avocat : un gars qui ne fiche rien, mais dont la parole est d'évangile - et qu'on rémunère conséquemment.

Environ une heure plus tard, vers 22h30, coup de fil de mon rendez-vous du lendemain : il me demande si je serais libre pour "un travail" dans la boîte de son beau-frère. Cette boîte, chers lecteurs éventuels, n'est ni plus ni moins que Ch***, la célèbre marque de vêtements et d'accessoires, mais qui n'est pas Chanel, mais tout de même. On me dit que c'est urgent, qu'il faut que j'appelle sur-le-champ. J'hésite. On me dit que c'est grassement payé : j'appelle. Là, je suis reçu comme le Messie, on me donne du Monsieur, on me dit qu’on aime beaucoup mon travail (ça, c’est du pipeau, on a évidemment rien vu de ce que je fais, je suis simplement le seul type dispo). Et on m’attend à 7h30 - attention, pas 19h30 ! 7h30 !... je ne savais même pas que cet horaire existait - au bureau de Monsieur, entre Opéra et les Grands Boulevards. Goddam. J’opine, raccroche, et règle le réveil de Sido sur 6h30 (…).

Le lendemain, après une bribe de nuit, j’avale une douche et saute dans un taxi, persuadé qu’il n’y a pas de métro à 7h du matin. Le matin, c’est comme l’étranger pour moi : même jet lag, et même sentiment de solitude oppressante. Bref. J’arrive chez le type, un immense gars bedonnant avec cheveux gris gominés en arrière, sans doute au travail depuis trois heures et demie, qui me reçoit avec un noir que j’accepte et une américaine que je refuse. Je ne fume plus depuis 8 ans, mais ça n’a aucune importance dans l’histoire. Il est DG de Ch*** (pardon pour toutes ces abréviations, le style en pâtit, je sais) et me dit que le DA (directeur artistique, continuons dans l’outrage) a besoin de quelqu’un libre tout le week-end pour superviser un projet à refaire entièrement sur une ligne de T-shirts et de sweat-shirts. Un truc, disons-le tout net, que je n’ai jamais fait. Quatre stylistes et un designer extérieur sous mes ordres, plus des visites à l’usine et chez les distributeurs ; je me demande quand je vais me réveiller. Non seulement c’est ultra bien payé, mais j’ai l’assurance de pouvoir revenir bosser épisodiquement, toujours en free lance, si ça se passe bien. Alors, bien qu’il soit à peine huit heures, que j’aie mille rendez-vous à déplacer ou à attraper en cas d’impossibilité de déplacement, que je sache que je vais travailler tout le week-end, jusqu’à des heures inconnues, et que je sois incapable d’effectuer correctement ce qu’on me demande là, j’accepte. A ce moment, j’ai déjà remboursé dix fois mes dettes, largement comblé mon découvert, payé cinq loyers d’avance, j’en passe et des meilleures. De l’argent, goddam. De l’argent !!!

Bon, le premier jour, soit jeudi, j’ai tout de même bossé quinze heures d’affilée. Qui a déjà fait ça, je le demande. A courir partout, d’un bout à l’autre de la capitale et même après le périph. A passer mille coups de fil. A balancer – et recevoir – deux cent cinquante millions de mails. A donner des directives. A changer ces directives. A écouter des conseils. A hésiter, puis ne plus hésiter par manque de temps. A héler des taxis. Je suis rentré chez Sido à minuit et demie, vanné, après avoir fait escale au McDo des Champs – 1ère et dernière fois de ma vie. Le lendemain, rebelote, aujourd’hui, dix de der ; je travaille encore demain dimanche, si si, et lundi 8 mai, bah voyons tant qu’à faire. Il faut que tout soit terminé jeudi. Si je travaille bien, dès mardi ça devrait se calmer. Je suis le champion du monde.

Je suis un putain de champion du monde.