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mercredi, 31 mai 2006

vingt-deux (tu ne voleras point)

Bon. Je décide de m’y remettre. De me secouer. De sortir la tête de la couette, et d’aller voir dehors quel jour on est. Oh ! le printemps. Oh ! des gens dans la rue. Ah bon, rien n’a changé ?

C’est que depuis quelques temps, depuis ma mission chez Ch*** en fait, je me suis dangereusement laissé aller à l’oisiveté, confortablement installé sur mon tas de billets. L’oisiveté, mère de tous les vices et en tout cas de la paresse, de l’égoïsme, de la gourmandise et des penchants pour la drogue. Car donc, après avoir subi quelques semaines de déboires amoureux, ou disons sexuels, allez d’accord, relationnels, puis passé en province un week end de quatre jours mouvementés, j’ai croisé Robert, un vieil ami dont j’ai ici changé le nom afin de lui éviter d’éventuels problèmes avec les forces de l’ordre. Robert, toujours très affable, m’a proposé de l’herbe, le même genre que celle de Charlotte, celle aussi qu’on trouve dans les contrées nordiques de l’Europe ; et allez savoir pourquoi, j’ai accepté. Vingt euros, cette saloperie, et même plus : je me suis rendu compte que je n’avais ni cigarettes ni papier.

Laissez-moi vous raconter à ce sujet ma dernière petite fierté minable. Je me rends donc au bar-tabac le plus proche pour y faire les emplettes nécessaires à tout respectable junkie. Je tombe sur le patron.
— Bonjour Monsieur, il me faudrait un paquet de Marlboro et des feuilles à rouler, s’il vous plaît.
— Jeannine (le nom n’a pas été modifié, ndlr), tu vas chercher des feuilles à rouler pour le monsieur ? hurle le bonhomme à sa bonne femme, qui trafiquait dieu sait quoi dans la réserve.
Et le voilà qui dépose les rouges sur le comptoir et s’en va servir un ivrogne assoiffé qui réclamait sa bouteille. Trois bonnes minutes plus tard, la patronne ressort de sa tanière avec mon sésame vers les paradis artificiels.
— 1 euro ! me lance-t-elle sans autre forme de procès.
Là, mon cerveau s’est remis à marcher tout seul, et très vite. J’avais les clopes dans la main (cinq euros au bas mot), le vieux avait filé, la vieille n’avait rien vu, personne n’en saurait rien. En plus, j’avais justement une pièce d’un euro dans la poche, ça serait vite plié ; après je n’aurais plus qu’à filer et bye-bye Thomas Mossian ! Un plan aussi machiavélique, une arnaque aussi diabolique, mon cœur en palpitait.

Et puis ? Et puis, un étrange sentiment de crainte diffuse et sans fondement, mêlé d’une certaine volonté de droiture, de vague reste d’idée d’honneur, m’a assailli. C’était pas clair. Pas trop sûr de moi, j’ai tenté le sourire et tendu le billet :
— Ah ah, mais non madame, j’ai aussi un paquet de cigarettes.
Et là, après un bref moment d’incompréhension dans le regard bovin de la bonne femme, c’est la révélation, l’illumination, l’extase divine. Une véritable apothéose :
— Eh ben monsieur, vous êtes vraiment très honnête ! C’est… Ah ! C’est trop rare de nos jours. Combien y’en a qui seraient partis en payant la moitié ! Combien y’en a qui sont voleurs !
J’ai dit dans un rire jaune que c’était parce que j’avais peur d’avoir été filmé, et comme c’était pas drôle, elle n’a pas déridé ; mais ça ne lui a pas enlevé son étonnement ni son admiration. Vraiment, elle m’admirait.

A mon avis, c’est elle qui ne doit pas être très honnête, si le simple fait de payer la somme due lui paraît proprement extraordinaire. Je me suis promis de plus y foutre les pieds, dans leur rade pourri, à ces voleurs.

15:55 | Lien permanent | Commentaires (18)

mardi, 30 mai 2006

vingt-et-un (fumée sans feu)

Pas bougé de mon lit depuis mon retour de week end. Rien écrit de valable. A peine touché à mon travail, en tout cas pas donné de nouvelles à mes patrons. Impossible de toute manière d'espérer pouvoir parler au téléphone. Je n'ai même pas la force de me caler un disque ou de m'écrouler devant un film.

Baisse de régime ? Mauvaise humeur ? Coup de blues ? Rien à voir : j'ai acheté de l'herbe.

18:45 | Lien permanent | Commentaires (19)

mercredi, 24 mai 2006

vingt (de l'effet des macarons dans les cheveux des filles)

Hier soir, je suis allé à un concert. Il y avait devant moi, juste devant moi, une jeune fille blonde, pas très grande, avec les cheveux coiffés en macarons. J’adore les macarons dans les cheveux des filles. Elle portait un petit débardeur blanc tout ce qu’il y a d’estival, des anneaux très simples aux oreilles, et un collier de grosses perles en verre coloré.

L’idée m’a traversé l’esprit un moment de glisser mon bras gauche sous le sien, de sentir en passant la moiteur de son aisselle, et d’aller délicatement poser ma main au-dessus de sa poitrine ; ma dextre irait alors trouver sa gorge et lui renverser doucement mais fermement la tête en arrière, un peu sur la droite, tout en ramenant son corps contre le mien. Je n’aurais eu ainsi plus qu’à lui mordre goulûment le cou tendre et frais qu’elle m’aurait offert, pour un baiser splendide dont elle se serait longtemps souvenu.

Au dernier moment, j’ai pensé que ça ne se faisait pas.

17:55 | Lien permanent | Commentaires (47) | Tags : libre-expression

mardi, 23 mai 2006

dix-neuf (bleue)

La première fois que je l’ai vue, c’était à Nantes, de loin, sur le trottoir d’en face. J’avais alors peut-être 22 ou 23 ans, elle trois de moins, et descendait la rue en compagnie de ma cousine Anne et d’une de leurs amies communes. Je l’ai immédiatement trouvée jolie, et plus encore ; j’en fis part à mon cousin. Lui la connaissait bien, puisqu’elle est une amie d’enfance de sa sœur, mais il semblait curieusement moins enthousiaste. « Elle s’appelle Constance ».

Constance vivait donc, comme la famille de ma mère, à Nantes, où je me rendais régulièrement. Parents très bourgeois, catholiques pratiquants, quatre enfants, la messe le dimanche. Pas de télé. Ca déconnait pas, chez eux. Tout était fait pour laisser le moins de liberté possible aux enfants, et les pousser sur les rails d’un formatage qui devait les conduire du camp scout à l’école de musique, et du rallye jusqu’à la prépa – HEC de préférence. Mais il n’y a rien de mieux, je crois, pour dégénérer des gamins. Ca n’a pas manqué… Les deux grands frères, un an d’écart, étaient des garnements plutôt vifs, et même sacrément turbulents, obligeant parfois leur mère à venir les chercher en pleurs à l’hôpital ou au commissariat. Ils volaient des cigarettes, tuaient des chats, fuguaient pour l’aventure ; vers l'âge de douze ans, ils ont cassé leur tirelire et sont partis voir les putes, qui leur ont ri au nez. Les corrections du père n’y changeaient rien. La petite sœur, pas débile mais pas loin, a fait le désespoir et la honte des parents en ratant lamentablement à peu près tout ce qu’elle entreprenait. Constance, la troisième, a toujours été la plus sage et même la plus brillante. Tout en restant, bien sûr, la plus jolie.

Un beau visage ovale, encadré par des cheveux lisses au-dessus des épaules, le plus souvent simplement attachés en queue-de-cheval, le regard ferme et sévère, un nez droit presque grec, des lèvres fines et pincées. Un long cou, des épaules bien dessinées, un corps très fin aussi. J’ai toujours trouvé que Constance ressemblait à une statue, à quelque déesse mythologique. D’ailleurs, elle ne parle pas beaucoup, n’est pas très expressive, a des mouvements délicats, particulièrement lents. Et une distance au fond des yeux, qui passe la plupart du temps pour une sorte de froideur, voire de tristesse endogène – ce qu’elle dément avec plus ou moins de succès. Et c’est vrai qu’elle n’a jamais eu l’air très heureuse, la belle Constance, malgré ses succès, ses amis, ses nombreuses relations amoureuses. Aucune véritable passion, pas d’attachement particulier pour quiconque et même au contraire, un genre de détachement de toutes choses, qui lui fait dire le plus souvent « ça m’est égal » ou « comme vous voulez ». Voilà ce qui passait pour de la sagesse aux yeux aveugles de ses parents. Voilà sans doute pourquoi elle a fait de si brillantes études scientifiques. Voilà pourquoi elle ne s’est jamais rebellée contre l’autorité, et n’a jamais véritablement fait sa crise d’adolescence. Tout semble lui convenir, elle accepte chaque chose avec sourire et gentillesse, et sans déplaisir, je crois. Mais sans vrai plaisir non plus, et parfois comme avec une pointe de fatalisme.

Voilà, je crois que Constance est fataliste. Ce qui ne veut pas dire, vous l’aurez compris, qu’elle se désole de tout, au contraire : c’est une fille qui accepte la vie telle qu’elle est, qui se plie aux événements, un vrai roseau. Pourtant, un soir, alors qu’elle vivait encore à Nantes chez ses parents, Constance rentre d’un dîner tranquille chez une de ses amies, se fait couler un bain et entreprend de s’y découper méthodiquement les veines de l’avant-bras et des cuisses, avec la lame précise de son cutter. Son sang bouillant se mêle à l’eau du bain, dans de gros nuages rouges d’apocalypse, se cheveux lui collent aux épaules, ses lèvres s’entrouvrent et ses sens s’échappent. Ses doigts se froissent et son œil se ferme. Constance, meurt. Son frère aîné, Marc, l’a découverte peu après ; inconsciente, elle vivait encore. Par chance, il est infirmier : il a su lui sauver la vie. Jusqu’à quel point ? Quelques temps plus tard, Constance quittait Nantes pour Paris, pour faire une thèse de robotique qu’elle ne finira jamais. Elle vit désormais près de chez moi, dans un appartement de sa grand-mère, avec pour seuls revenus le RMI et les largesses de ses parents. Elle est aujourd’hui encore, quatre ans après les faits, suivie psychiatriquement, mais de loin. De trop loin peut-être, enfin, j’en sais rien. Constance continue de tracer son sillon invisible sur cette Terre, en souriant, en riant souvent, mais sans avoir jamais pu expliquer – les connaît-elle seulement ? – les raisons de son geste, et toujours avec sa distance dans les yeux.


Elle n’avait pas encore ses cicatrices, lorsque nous avons couché ensemble pour la première fois. Mais comme je l’ai dit, je ne me rappelle aucun autre détail de cette nuit : quand, où, à quelle occasion, je l'ignore, et manifestement elle aussi. Je pense toutefois que ça devait être peu après notre première rencontre : je ne me souviens pas en effet lui avoir fait une cour assidue. En tout cas, ce n’était pas par amour, loin s’en faut, et nous ne sommes pas restés ensemble. Mais nous avons continués de nous fréquenter, et de baiser, comme ça, quatre ou cinq fois par an, au point je crois de nouer l’un pour l’autre une indéfectible affection, et au point qu’aujourd’hui, nos relations sexuelles sont d’une maîtrise charmante et fort agréable. Chacun sait parfaitement ce que l’autre aime donner et recevoir. Chacun sait ce qu’il faut faire ou éviter, évoquer ou taire. Je le disais, ça manque de surprise et de passion, et pourtant Constance reste une des filles avec qui j’aime le mieux faire l’amour. Elle a comme une tendresse animale et sait vous prendre dans ses bras, vous serrer contre son coeur comme personne d’autre. Aujourd’hui, elle est plus qu’une amie, plus qu’une maîtresse, et loin d’être seulement un « joker de cul » comme je l’évoquais injustement dans mon misérable éthylisme de fin de nuit. Elle est autre chose. Je ne peux pas mieux le dire ; de toute façon, Constance vit dans un autre monde que le mien, et que le vôtre.

17:25 | Lien permanent | Commentaires (56) | Tags : Littérature

dimanche, 21 mai 2006

dix-huit (polaroïds #8 et #9)

Ma liste de notes à rédiger est en train de me dépasser complètement. J’ai promis d’aborder les taxis parisiens et le ferai. Il serait également utile de débriefer un peu l’ « histoire Charlotte », qui a suscité des commentaires auxquels je ne m’attendais pas. La pauvre a été abusivement chargée, à mon sens. En outre, mes allégations d’ivrogne semblent aussi avoir été prises au sérieux, alors que les plus sincères résolutions ne feront ce me semble jamais plier une nature. Enfin, il faudrait que je vous parle de Constance. C’est un personnage romanesque comme on n’en fait plus. Peut-être même commencerai-je par là ?

En attendant, voici comme promis également mes tentatives huit et neuf d’écriture de la lumière. J’étais samedi au Jardin des Plantes, par un temps splendidement orageux, en charmante mais discrète compagnie. (G., si tu me lis, le vent porte ton parfum.) En sortant, j'ai commis ces vues Nord et Sud de la mosquée de Paris.


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Il ne reste plus qu'une photo dans le polaroïd.

22:15 | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : Paris

samedi, 20 mai 2006

dix-sept (l'amour)

J’ai pris une grande décision. Une décision fondamentale.

La fin de cette phrase marquera mon arrêt total et définitif de toute tentative de baise. (Ca y est.) C’est-à-dire : je cesse par la présente de passer toute mon énergie dans d’improbables recherches de maîtresses, plans cul, assouvissements de fantasmes, coups de bite (pardon, pardon d’être vulgaire) et autres relations d’ordre sexuel sans qu’il y ait un espoir d’amour, de début vie commune, de construction quelconque à la clé.

La déception et le poids de l’échec m’écrasent. Me dépriment. Me minent le cœur et l’esprit. C’est une vraie, une totale remise en question. De celles qui non seulement font avancer, je le souhaite ; mais aussi - je le crains - qui font changer. Un retour sur soi. Une mise à distance, une mise en abîme : chercher à savoir qui l’on est, chercher à savoir pourquoi l’on est, pourquoi et comment on agit, pourquoi on est seul, pourquoi on éprouve le besoin d’une compagne - et quelle compagne. Alors que j’approche de mes quinze années de vie sexuelle, presque la moitié de mon âge, je me rends compte avec effroi que j’ai passé tout ce temps à baiser avec le vent, à baiser du vent, ma semence rare et précieuse, mon potentiel de vie, disséminé aux quatre vents. Pas une fois je n’ai fait l’amour. Pas une fois j’ai aimé en aimant. Seigneur, quelle catastrophe. Je ne sers à rien ni personne sur cette Terre.

(Je lutte contre le sommeil. J’ai trop bu. Je ne cesse de corriger mes fautes de frappe. Je ne vois rien. J’ai mal aux yeux, j’ai mal au cœur. Je finis juste cette note et je vais me coucher en regrettant de l’avoir publiée sans la relire en suivant les conseils de la nuit.)

Les faits.

Depuis mardi, son délicat baiser sur la bouche et son minimaliste « merci, et à vendredi », Charlotte la gracile n’avait pas donné de nouvelles. Pas plus que moi d’ailleurs. L’un comme l’autre, chacun de son côté, on attendait sans doute ce qui allait se passer en ce dernier jour de semaine. Par contre, le frère de la jeune oiselle, qui se nomme Laurent et qui, rappelons-le, est un de mes bons amis, m’a appelé entre temps pour me demander comment ça s’était passé avec Charlotte, si j’avais pu lui donner les conseils et les pistons qu’elle demandait. « Elle ne t’a pas trop embêté ? » J’ai rien osé dire.

Le jour dit, en début d’après-midi et alors que j’étais parti déjeuner à l’extérieur pour cause classique de rien dans le frigo, mon fidèle téléphone m’annonce chaudement que la belle me convie à un « petit dîner » dans la grande maison de ses parents, à Nogent sur Marne. « Il y aura aussi Marianne et Flo », ajoute-t-elle sans plus de précision. Mon premier sentiment a été de me dire que merde, j’avais pas du tout envie de les voir, ses amies. Je les connais pas moi. Un petit tête-à-tête complice rapidement suivi d’une longue nuit d’amour, qui plus est dans une vaste demeure bourgeoise, c’était le programme charmant et bucolique que je m’étais imaginé. Quoi, mince. Mais, l’esprit toujours optimiste et positif, et surtout mal tourné, j’ai fini par me dire que dîner entouré de trois jeunes demoiselles ne pouvait que m’être agréable, pour un peu que ça dégénère.

Arrivé relativement tard, peu avant 22 heures, armé de trois bouteilles du meilleur bordeaux du Monoprix, j’ai eu d’office la mauvaise surprise de constater que la Flo en question était un Florent (Florian ?) qui semblait plus que lié avec la dénommée Marianne. Pour faire vite, ils ne se sont pas quittés de la soirée, toujours collés et à s’embrasser de manière tout à fait déplacée, encore. Mais ce n’était que la première surprise. La seconde, c’était les dix autres potes conviés – moyenne d’âge 25 ans, peut-être moins -, en majorité des garçons ; et enfin, vous n’y croirez jamais : les parents. Les parents, vous dis-je. Le père, la mère : les parents. « Thomas ! ça faisait un moment qu’on t’avait pas vu, me lance le père, alcoolique notoire et déjà bourré au mauvais bouchon. Ca me fait plaisir ! » Et me voilà dès le départ alpagué par le paternel et sa matronne à côté qui dodelinait, à écouter des histoires de vendange, des souvenirs d’armée et des considérations plus que douteuses sur le maréchal Pétain. On s’habitue à tout, me répétais-je en moi-même, en écho à mes notes précédentes. Il le faut bien, c’est ça ou le suicide à l’arme blanche : une fourchette dans la gorge, devant l’assemblée. Impossible. Trop radical. Je buvais le plus possible, ce qui n’était pas compliqué puisque papa me remplissait mon verre avant même qu’il ne soit vidé. Sa piquette de table, j’en aurais goûté ; par contre, mon bordeaux, pas vu la couleur. Pendant ce temps, la Charlotte, pas l’air trop gênée, faisait l’hôtesse parfaite : accueil, service, conversation et sourires de circonstance.

A minuit et demie, alors qu’on commençait seulement à penser au dessert, j’ai considéré que le calvaire avait suffisamment duré. Je me suis excusé, j’ai appelé un taxi et j’ai filé sans même l’attendre. Charlotte m’a raccompagné à la porte du jardin, je lui ai dit au revoir sans l’embrasser.

Dehors, tout en guettant l’arrivée du taxi (vingt minutes : il faut que je fasse une note sur les taxis), je me suis saisi de mon téléphone et j’ai appelé sans complexe ni pitié ma bien nommée Constance – mon joker de cul. Plus encore : ma soeur, ma mie, celle qui m’accueille et me comprend en toute circonstance, surtout les plus dramatiques. Elle est de plus, et ce n’est pas négligeable, ma quasi-voisine, puisqu’elle habite derrière la place d’Italie. Peut-être est-elle un peu amoureuse de moi, depuis le temps, toujours est-il qu’elle ne m’a jamais fait le moindre reproche. Notre histoire remonte à si longtemps qu’on ne peut se rappeler – ni elle, ni moi – quand et à quelle occasion nous avons couché ensemble pour la première fois. Mais là, ça faisait bien six ou huit mois qu’on ne s’était pas vus. J’appelle donc Constance, qui décroche par miracle et accepte de me recevoir. Nous avons fait l'amour vite fait, mal fait (non, je dis ça pour la formule, mais c’était très bien, sans surprise parce qu’on se connaît trop bien, mais doux, tendre, chaud, bon, libérateur) et je suis parti vers deux heures et demie, lâchement, pendant qu’elle dormait. Elle trouvera à son réveil un mot d’excuses et une invitation à déjeuner demain, j’espère que ça ira.

Mon retour à pieds m’a laissé le temps de réfléchir à cette triste soirée, aux conséquences qu’elle devrait prendre, et à la note qu’il fallait que je rédige au plus vite.

Merci de m’avoir lu, si vous avez tenu jusque là, et pardon de vous avoir ennuyés. Pardon aussi pour le style bancal, les fautes de frappe, d’orthographe et de syntaxe, pardon pour tout. Je suis éreinté ; je vais me coucher.

Ah ! une dernière chose : c’est décidé, je reprends la cigarette.

04:20 | Lien permanent | Commentaires (31) | Tags : Littérature

jeudi, 18 mai 2006

seize (addiction)

La note « sept », datée du mardi 9 mai, commençait sur ce ton quelque part entre le badin et le péremptoire : « On s’habitue à tout ». J’ai un peu réfléchi à la question.

Je ne sais pas si c’est le cas de tout le monde, mais pour ma part, je suis un véritable caméléon, qui s’adapte avec plus ou moins de bonheur à la plupart des situations. Ma remarque du 9 mai s’appliquait à la masse de travail que j’abattais alors : quinze heures de boulot par jour, qui m’étaient tombées dessus comme la foudre sur la paralytique, et auxquelles, tel Lazare, je m’étais fait sans trop de problème - hormis un mal de genoux assez prononcé. Maintenant que je suis retombé dans une presqu’inactivité – je ne bosse pas avant au moins lundi -, il m’est possible de mesurer jusqu’à quel point je peux aussi me vautrer dans l’oisiveté. Rester assis sur une chaise, ou même debout, à ne rien faire, n’a jamais été une punition pour moi. Les heures passent ainsi, sans que je ne m’en rende compte et sans que j’aie besoin de tuer le temps d’une manière ou d’une autre.

Autre exemple. Je me trouvais l’autre jour, pour un rendez-vous de boulot, boulevard Malesherbes. A l’opposé de chez moi, donc, qui suis « stationné » entre Jussieu et Censier-Daubenton (plan ci-dessous pour mes fort nombreux lecteurs du vaste monde). Au bout d’une heure et demie d’un entretien plus que fatigant intellectuellement, je décidai de marcher un peu sur le boulevard avant de reprendre le métro, histoire de m’aérer l'esprit. Arrivé finalement à Saint-Lazare, autant pousser jusqu’à Opéra, sur ma ligne. Et c’est ainsi, par étapes, que je suis rentré à pieds chez moi. Aucune idée du temps que m’a pris cette petite balade. Je me suis à peine rendu compte que je mettais un pied devant l’autre.

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Cela s’appelle, je crois, l’addiction.

On pourrait citer encore ma propension à lire les livres d’une traite, à laisser tourner le même disque sur ma platine pendant trois mois, à regarder les films cent fois, sans m’en lasser, à manger japonais à chaque repas pendant une semaine, à rester 48h sous la couette avec une fille, quoi d’autre ? Ah, tiens, une année, j’avais peut-être vingt ans, j’étais parti à Londres où un de mes amis organisait une fête énorme. Je jure n’avoir pas dormi une minute pendant trois jours, c’est-à-dire, voyons voir, 72 heures. Et sans drogue, s’il vous plaît, enfin pas celle que vous croyez. Comment est-ce possible ? Espaces-temps facétieux ? Neurones manquants ? Super-pouvoir ? Mystère. Je m’habitue à tout, je vous dis. La routine, l’ennui, ça ne me fait pas peur. Pas plus, d’ailleurs, que les changements radicaux.

Vous vous demandez pourquoi je vous raconte cette histoire sans intérêt, n’est-ce pas ? Je n’en ai pas la moindre idée : mes doigts courent tout seuls sur le clavier.

18:45 | Lien permanent | Commentaires (26) | Tags : Littérature

mercredi, 17 mai 2006

quinze (polaroïd #7)

S’il y a un domaine dans lequel je n’ai aucun avenir, en dehors des affaires, de la justice, du journalisme, de la médecine et des sciences en général, de la musique, de la cuisine, de la mécanique et du bricolage, c’est bien la photographie. Je possède simplement, comme tout le monde, un petit compact numérique acheté à la Fnuck il y a au moins trois ans, tout pourri (il a survécu non sans séquelles à une chute de 30 mètres en Ardèche) et qui n’a pas vu la lumière du jour depuis belle lurette. Non pas que je n’aime pas ça, au contraire, j’adore les photoblogs et tout ce qu’on voit sur le net, et visite régulièrement les petites galeries parisiennes de derrière les fagots. Mais je suis nul. Enfin pas nul, mais pas assez fort. J’avais arrêté le tennis pour la même raison : je n’étais plus le meilleur. La sale mentalité, quoi, mais bon, j’avais dix ans.

Bref, tout ce bavardage pour dire que j’ai retrouvé par hasard un polaroïd acheté avec Sido lors d’une brocante en province, l’été dernier. On a pris seulement six clichés avec, puisqu’il en reste quatre sur la pellicule. Aucune idée de ce qu’ils représentaient, ni ce qu’ils ont pu devenir.

Celui-ci, le septième, date de cet après-midi.

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18:15 | Lien permanent | Commentaires (28) | Tags : libre-expression

mardi, 16 mai 2006

quatorze (adieu, bonjour)

Quatorze, et déjà je censure... C’est mal barré pour la suite. J’avais donc écrit une longue et molle et lourde note au sujet de mon dîner d’hier avec Sidonie. Peut-être la publierai-je un jour, comme un bon vieux souvenir, mais pour l’instant, j’ai décidé de la supprimer corps et biens, de peur de faire fuir un lectorat déjà plus qu'aéré. Et puis, il faut savoir faire preuve d’optimisme. Voilà, vous saurez seulement que Sidonie est repartie vers de nouvelles aventures, avec un sautoir en lapis-lazuli en prime, et que moi, je n’ai plus qu’à aller voir ailleurs si j’y suis – ce que je me suis empressé de faire, d’ailleurs, en me payant après le resto une bonne vieille cuite des familles, au whisky, dans un bouge infâme du deuxième arrondissement. Oui, oui, tout seul. J’arrête là, sinon je risque de me lancer dans des jérémiades interminables sur la perfidie des femmes et l’absurdité de la vie.

Ce matin, malgré ma douloureuse gueule de bois, je n’avais pas oublié la visite de la sœur de mon ami, Charlotte, prévue pour 14h. Inutile de sauter des lignes et d’aller directement vérifier à la fin de ce paragraphe : autant le dire tout de suite, je n’ai pas couché avec elle. Non. Mais c’est prévu pour vendredi prochain, eh eh... En deux mots, ça s’est très bien passé, on n’a presque pas parlé de son frère et pas du tout de son copain (à croire qu’il n’existe plus, j’ai déjà lancé mon réseau d’informateurs sur la question), abordé juste ce qu’il faut le boulot, les contacts et les pistons, et largement évoqué nos activités, goûts et passions, le graphisme, la peinture, l’art en général. Très bien entendus, beaucoup rigolé aussi, sans doute aidés par les joints qu’elle a roulés, d’une sorte d’herbe vert clair très odorante et diaboliquement efficace. Je n’ai plus trop l’habitude de ces petits délits, moi, il m’arrive de temps à autre de taxer un bout de shit au fils de mon épicier, mais c’est tout. Enfin, elle est vraiment très sympa la Charlotte, tellement plus naturelle que Sidonie, beaucoup d’humour, aimable, jolie, attirante, moins classe aussi et moins intelligente, limite un peu naïve, et un peu potelée comme je l'ai dit, mais rien n’y faisait, je n’avais qu’une envie, c’était de me l’attraper sauvagement et qu’on n’en parle plus.

Quoi qu’il en soit, on a très vite compris l’un comme l’autre qu’il fallait qu’on baise au plus vite, mais sans vraiment se le dire ; c’est toujours resté tacite et ça me plaît d’autant plus. Quand elle est finalement partie pour se rendre au travail, elle m’a pris doucement la tête entre les mains et a posé ses lèvres sur les miennes dans un geste plein de grâce, qui m’a ému comme pas possible, j’avais les bras ballants et je ne savais plus quoi dire. Cinq minutes après, alors que j’avais encore le cœur qui battait comme un maboul, elle m’a envoyé un message qui disait simplement « merci, et à vendredi ». On n’a jamais dit qu’on se verrait vendredi - j’en attends donc le meilleur.

La vie, c’est marrant quand même. Le coup du changement de maîtresse du jour au lendemain, ça me l’avait encore jamais fait.

20:05 | Lien permanent | Commentaires (26) | Tags : libre-expression

lundi, 15 mai 2006

treize (quêtes, conquêtes et reconquêtes)

Ce soir, j’invite Sidonie au restaurant. Je ne sais pas trop où. C’est toujours compliqué de sortir tous les deux, vu qu’on habite vraiment loin l’un de l’autre et que nos quartiers respectifs ne sont pas terribles niveau cantines. Si quelqu’un connaît un bon endroit dans le cinq, je veux bien qu’il me le signale, trois ans que j’y vis et je ne sais toujours pas où on peut y manger un peu correctement. Bref, on risque encore de se retrouver dans le dix, le onze ou le douze, voire même plus à l’est, dans le dix-neuf ou le vingt, arrondissements que curieusement je connais beaucoup mieux.

Sans chercher à lui en mettre plein la vue, j’aimerais que ce dîner sorte un peu de l’ordinaire. Qu’on mange vraiment bien, qu’on boive du Saint-Estèphe ou du Meursault - Madame aime le luxe. Qu’on parle, qu’on s’entende et qu’on rie. Je lui ai acheté un sautoir en lapis-lazuli qui ira très bien avec ses yeux profonds, je ne m’y connais pas très bien en pierres et en joaillerie mais il m’a coûté bonbon, ça a intérêt à lui faire plaisir. Enfin, il faut encore que j’ose lui offrir : j’ai horreur de ce qui fait trop officiel, genre déclaration, demande en mariage et tout, et puis je redoute un peu sa réaction. Elle est capable de trouver ça moche et de me le dire sans ambages, ou de faire la moue et de sortir « mais si, ça me plaît », ou même encore me lancer froidement que si je crois pouvoir l’acheter avec des bijoux de pacotille, je ferais mieux d’aller faire les sorties de lycées.

Allez, je suis mauvais. J’exagère légèrement. La pauvre Sido a beau être une chipie, je la charge un peu de trop. Et puis, de toute façon, j’adore les chipies. Je raconterai bien évidemment le déroulement de la soirée.

Je raconterai aussi mon après-midi de demain avec Charlotte. Charlotte est une fille un peu plus jeune que moi, aussi brune que Sidonie est blonde, et qui est la sœur d’un de mes bons amis. A 25 ans à peine, elle travaille depuis déjà cinq ans dans divers petits boulots de serveuse ou de vendeuse. Sa passion, c’est le dessin, l’illustration, un peu de graphisme aussi ; elle est assez douée mais n’a aucune formation dans ce domaine. Pourtant elle voudrait bien y rouler sa bosse, et cherche des conseils, voire des pistons. C’est pourquoi son frère l’a aiguillée sur moi… Me voilà donc parachuté sauveur de jeunes femmes en détresse, un de mes rôles préférés. Charlotte est à peine un peu ronde, c’est-à-dire, elle a des formes bien dessinées et les met en valeur sans le savoir. Des joues légèrement charnues, et rosies, une poitrine importante (alors que Sido a plutôt de petits seins), souvent décolletée, un peu de ventre et des fesses bien rebondies. Evidemment, elle se trouve trop grosse, mais elle a la chance d’être parfaitement proportionnée et d’avoir de surcroît un assez joli visage au très beau teint de porcelaine. Bref, vous l’aurez compris, j’ai envie d’elle. Mais la potentialité d’une relation d’ordre sexuel entre nous reste faible, et dépend de ma soirée de la veille avec Sido, du niveau de mon audace (le frère de la demoiselle étant un de mes plus proches amis, je ne peux décemment faire n’importe quoi), et, bien sûr, de la volonté d’une fille déjà maquée depuis longtemps... Un vrai challenge comme je les aime.

13:15 | Lien permanent | Commentaires (19) | Tags : Paris

dimanche, 14 mai 2006

douze (Mossian un jour aussi va mourir)

La majorité des femmes trentenaires célibataires se plaignent principalement de deux choses : d’être déjà trentenaires d’une part, et encore célibataires d’autre part. Qui a dit que les femmes étaient compliquées ? Pauvres d’elles, ce n’est pas leur faute ; mais une urgence dictée par la chimie de leurs hormones et l’instinct de survie de leur espèce les pousse à se morfondre de ne pas trouver le partenaire idéal. Par moments, je les envie de rester si proches de la nature, aussi étroitement liées à la terre et au temps, quand tous les hommes sont de véritables dégénérés au dernier degré, et au premier sens du terme. Eux ont oublié qu’ils ne sont que des animaux, et qu’ils ont beau rouler dans des voitures surpuissantes, porter de fiers costumes, téléphoner en 3G et s’organiser sur Palm, leur misérable enveloppe charnelle ira comme les autres pourrir pour nourrir le sol. Nous, à part la barbe qui pousse, les cheveux qui tombent et le cancer en fin de vie, rien ne nous rappelle à la nature.

Mais dans l’ensemble, j’aurais plutôt tendance à me réjouir de cet état de faits. Je suis moi-même trentenaire, et me considère comme célibataire, malgré (ou à cause de !) Sidonie. Je suis absolument seul, je n’ai pas de femme, pas d’enfants, pas de patron ni même de mère ; bref, personne à qui rendre de compte. Et personne pour me dire : il est temps de baiser, dépêche-toi, sinon tu ne pourras plus procréer. Certes il y a parfois un banquier, un propriétaire ou un vieux plan cul pour me rappeler à mes obligations. Mais si l’envie me prend de ne penser à rien, grand bien m’en fasse. En gros, la nature me laisse tranquille. Et en échange, pour la remercier, je laisse la nature tranquille. Particulièrement ma nature. Je ne l’embête pas avec de puériles considérations de physique, d’âge ou de santé. Je ne fais rien contre mon début de calvitie. Mes rides naissantes creusent mon visage à leur gré. Je ne vais jamais chez le médecin, notamment de peur de me retrouver avec une sale maladie : car où attrape-t-on des maladies, si ce n’est chez le médecin ? J’allais très bien avant ma consultation ; en sortant, j’avais un cancer enrobé d’un taux de cholestérol anormalement élevé. Franchement je ne tiens pas trop à savoir dans quelle déréliction avancée se trouve ma trentenaire carcasse. Un jour, définitivement rouillée, elle se rompra par surprise, et ce sera bien.

***

Cette nuit, j’ai fait un cauchemar érotique. J’étais au lit avec une jeune fille, une asiatique (je n’ai jamais eu l’occasion de coucher avec une asiatique), très sexy et très open. Après divers préliminaires, composés entre autres de *** et d’*** ***, vint le moment de la pénétrer de mon cinquième membre. Et là, échec total. Impossible. Je ripais, je cognais à côté, c’était comme si la belle avait été fermée entre les cuisses. Panique. La fille me hurle dessus. Je me réveille.

15:40 | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : libre-expression

vendredi, 12 mai 2006

onze (retour de bâton)

Le sort s'acharne sur moi. Tout mon potentiel chance annuel s'étant déversé en l'espace de cinq jours, la semaine dernière, il faut bien maintenant que je me résolve à l'évidence : la roue tourne. Une maîtresse à la maison (ou plutôt, moi chez elle, bon), un boulot tombé du ciel, plein d'argent (j'ai oublié de dire que j'ai aussi trouvé un billet de 20€ sur la ligne 9 ; je m'étais promis de le donner au prochain clochard sur mon chemin mais je n'en ai pas croisé, croyez-le ou non), de nouvelles relations, de réjouissantes perspectives d'avenir, tout ça, malheureusement, ce n'est pas gratuit.

Ca a un prix, que je paie aujourd'hui.

Personne n'ignore, pour commencer, quel accueil la perfide Sidonie a hier réservé à mes propositions alléchantes à plus d'un titre. J'ai l'air de prendre ça à la rigolade, mais apprendre que ma partenaire sexuelle quasi-exclusive se fait entretenir la tuyauterie par d'autres plombiers que moi, ça m'attriste réellement. Ca procure un sentiment étrange, fait à la fois d’attirance redoublée et de répulsion bien légitime. Je sais bien que cette attaque cruelle n’a pour but que de pointer du doigt les incohérences et mêmes les malaises de notre relation, et que j’aurais tort de me braquer. Me voilà donc bien contre mon gré en pleine phase « reconquête de Sido », cherchant des idées de cadeaux, câlins, surprises et autres douceurs. Un véritable calvaire, quand on sait que fondamentalement, cette fille m’est bien égale, que je ne suis pas plus amoureux d’elle qu’elle ne l’est de moi, et que nous sommes en plus profondément différents. Mais je la regretterai plus tard, c’est certain. Alors : efforts.

J’étais plongé dans ces intenses réflexions, hier soir, en rentrant d’un dîner (correctement arrosé) chez des amis dans le douzième, quand le taxi, arrivé devant chez moi, me lance :
— Ben j’en connais un qui s’est débrouillé pour ne pas rentrer seul », tout en désignant un couple tellement enlacé qu’il en avait du mal à marcher. Le type avait la main sur les fesses de la fille et semblait lui susurrer des trucs salaces à l’oreille, ce qui faisait manifestement couiner la petite. Con de taxi, j’aurais dû lui demander de quoi je me mêle. Mais la répartie, ça ne marche que quand c’est écrit d’avance, moi j’ai jamais pu y arriver en direct. Bref, je paie (le chauffeur a gardé la monnaie sans même que je lui propose, comprenant que je ne le ferai sans doute pas), descends et arrive à hauteur du couple. Catastrophe ! c’était Karen, la Danoise, avec un grand gars beaucoup plus fort et grand et beau que moi ! Dire que je la pensais secrètement éprise de mon allure d’artiste. Mon cul oui. Elle se tape tout Paris, et elle doit faire le mur, en plus, parce que ça m’étonnerait que mes voisins la laissent sortir avec des pervers jusqu’à deux heures et demie du matin, et en semaine encore. D’ailleurs, elle a eu l’air bien embêtée que je la surprenne en pareille position. C’était son tour de bafouiller et bredouiller (alors que le bonhomme, lui, m’a lancé un regard aussi rieur que méprisant). Je l’ai plantée là et j’ai avalé quatre par quatre les marches qui mènent à ma pesante solitude.

Trahi par les filles deux fois en une seule journée, c’est dur. Je me demande quelle tuile va bien pouvoir me tomber dessus aujourd’hui.

12:55 | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : Littérature

dix (nouveau souffle)

A partir de maintenant, et notamment afin de faciliter la lecture de la colonne "commentaires", chaque note portera, en plus de son numéro, un titre. La parenthèse est allègrement pompée sur OUAIS BON, le blog de Vernis Rouge, que je vous recommande chaudement (même si sa dernière note est nulle).

11:30 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : libre-expression

jeudi, 11 mai 2006

neuf

Bon, alors je viens d'avoir Sido par mail, puis au téléphone. Sympa comme je suis, je lui proposai un petit week end en amants, tout ce qu'il y a de plus classique.

— On réserve une chambre d'hôte avec vue sur la mer, lui dis-je en incorrigible romantique, tu prends ta tenue la plus légère, on loue une voiture, et on baise non stop pendant 48 heures.

— Merci, pour ce qui est de baiser j'ai eu mon compte hier soir, m'a-t-elle rétorqué.

Précisons qu'hier, j'étais chez moi avec un joint et du travail à finir sur le portable du boulot.

Les femmes sont bien cruelles, parfois. Et j'avoue que malgré la carapace que je me suis forgé au fil des ans, malgré ce détachement un peu feint que je m'efforce de montrer, malgré la certitude que j'ai de ne pas être amoureux de Sido, certaines phrases comme celle-ci réussissent encore à me serrer la gorge, et me percer en plein coeur.

14:50 | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : Littérature

mercredi, 10 mai 2006

huit

Parmi les dizaines de commentateurs et -trices qui se précipitent sur ce journal pour débattre avec passion à chaque nouvelle note, j’en retiens une en particulier, encore assez discrète, qui signe sous le nom étrange de Brigitte Jean. La mystérieuse demoiselle (...) me faisait part récemment de ses soupçons concernant un jeune homme « vraiment pas mal » (sic), portant Che, croisé au salon de thé de la mosquée de Paris, et qui l'aurait gratifiée d'un sourire. Partant du constat que j’habite à côté de cette mosquée, rue Monge dans le cinquième arrondissement parisien, et que comme lui, je suis censé avoir un air d’artiste (ça reste à voir), notre visiteuse se demandait tout bonnement si je n’étais pas ledit garçon.

Lui faisant remarquer que rien n’indiquait que je puisse être « vraiment pas mal », comme elle dit, Brigitte me rétorqua en substance que puisque j’avais une copine blonde et jolie, qui de surcroît gagne plus que correctement sa vie, je ne devais pas être trop moche. Merci, Brigitte. Malheureusement, l’honnêteté propre à ces lignes m’oblige à te détromper : je ne suis pas très beau. Pas vraiment laid non plus. Juste médiocre. Un peu lourdeau tout d’abord, ce qui fait dire à Sidonie (et là, attention la formule) que si je ne suis pas un bourreau des cœurs, j’ai du moins un corps de bourreau (ah ! ah ! comme c’est drôle), avec un bide aussi développé que mes pectoraux. Un nez bizarre, un front fuyant, des cheveux incoiffables. Une tête, en somme, qui ne va pas avec mon corps. Vous voyez que je ne suis pas tendre avec moi-même. Mais cette lucidité m’a servi, et m’a permis de développer d’autres atouts dans mon objectif principal et perpétuel de séduction des filles : notamment, je me flatte de le croire, l’esprit.

L’esprit, est essentiel au libertin, et à l’homme en général, bien plus que la beauté. Je pense que l’homme, s’il a de l’esprit, de l’humour, du charisme, une bonne dose de virilité ; s’il a de l’assurance, de l’expérience, s’il a été bien éduqué, sait s’habiller, sourire, parler, écrire, répondre en toutes circonstances, alors, peut mépriser son physique. Pas son apparence : son physique. Attention, je ne dis pas que je réunis toutes ces qualités, bien loin s’en faut (…). Si c’était le cas, je vivrais des jours heureux avec mon seul et unique amour perdu, dont je ne vous parlerai pas à moins de risquer de vous ennuyer plus encore qu’à présent. Mais, bien que je sois seul et malheureux, je n’ai pas trop à me plaindre. J’espère que tout cela ne vous semble pas trop présomptueux. J’ai simplement dit que je n’étais pas vraiment beau, et que je me rattrape comme je peux, sans trop d’échecs, avec d’autres armes.

D’ailleurs, je pense que, dans une moindre mesure, la règle s’applique également aux femmes. Il me semble que la plus pure plastique ne sera jamais suffisamment belle si elle n’a pas le regard animé par l’intelligence, la passion, l’élégance, mais aussi par la profondeur de la tristesse, de l’émotion, du sentiment. Plus encore, c’est cet esprit qui définitivement les rend belles…

20:25 | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : libre-expression

mardi, 09 mai 2006

sept

On s'habitue à tout. Ce n'est pas nouveau, et je le sais depuis belle lurette. Il m’a fallu à peine trois ou quatre jours pour me faire à ma bonne dizaine d’heures de boulot quotidien. J'irai même jusqu'à dire que j'ai bien la pêche. Je me sens super actif, sexuellement notamment. Dommage que ma blonde Sidonie ne soit pas plus disposée que ça, bien que je sois toujours en transit chez elle (à son grand dam, je crois). Tout ça, vient bien sûr aussi du fait de ma soudaine rentrée d’argent. Si l’argent ne fait pas le bonheur, il fait tout le reste…

Bref, en plus de mes différentes tâches (car à part Ch***, je travaille en ce moment avec deux distributeurs), de ma maîtresse, de mon journal, que j’entretiens tant bien que mal, j’ai trouvé le temps, et surtout la motivation, de retourner à la piscine. J’avais presque oublié à quel point j’adore nager, et particulièrement en bassin, dans l’eau chlorée, en bonnet, lunettes et moule-bite. C’est une ambiance très étrange, due sans doute à l’odeur, aux bruits étouffés ; je pense en fait qu’à la piscine, tous les sens sont modifiés : la vue, par les lunettes, le toucher, l’odorat, le goût même, quand on boit la tasse, par l’eau, et l’ouïe, bien sûr. Une sensation de flottement vraiment agréable. Il y a, aussi, une sorte d’ambiguïté que j’apprécie à se retrouver presque nu, et, pourtant, protégé par l’anonymat du masque et du bonnet, entre fragilité et sécurité. Et puis, nager fait un bien fou. C’est du sport, et pourtant on ne transpire pas (enfin, on ne s’en rend pas compte, j’imagine), on ne se fait pas de claquage, on ne s’éclate pas les genoux, on ne se fait pas défoncer les dents. Et ça muscle le dos à une vitesse exceptionnelle. Voilà. C’était un message de la Fédération Française de Natation en association avec les Piscines de Paris.

Ce soir, je regagne mon 5ème. Une décision que je viens de prendre. Sido va à un concert avec des amis ce soir ; c’est du moins ce qu’elle prétend. Je lui laisse donc la liberté de me mentir et de ramener chez elle celui qui l’aura en réalité invitée à dîner. Sympa, non ?

20:00 | Lien permanent | Commentaires (10)

samedi, 06 mai 2006

six

Je suis riche ! Mais à quel prix...

Comment raconter ça correctement ? Par où commencer ? Peut-être le plus simple serait-il de revenir à ma dernière note ("note", et encore, ce n'était qu'un petit bout de phrase tout ridicule), datée du mercredi 3 mai 21h37. Ce soir là, je mangeais donc du riz avec et chez Sidonie. La belle avait accepté de m'héberger quelques jours afin de me rapprocher de mes rendez-vous de fin de semaine sur les Champs-Elysées. Rendez-vous tout ce qu'il y a de plus classiques avec des boîtes de distribution de cinéma. Je travaille beaucoup, par exemple, sur les affiches et les dossiers de presse de petits films d’ici ou d’ailleurs. Sans forcément que j'aie à réaliser le travail : on m'appelle souvent pour remplir le rôle de consultant, oui Madame, et ça c'est génial. Je suis alors au graphiste ce que le juriste est à l'avocat : un gars qui ne fiche rien, mais dont la parole est d'évangile - et qu'on rémunère conséquemment.

Environ une heure plus tard, vers 22h30, coup de fil de mon rendez-vous du lendemain : il me demande si je serais libre pour "un travail" dans la boîte de son beau-frère. Cette boîte, chers lecteurs éventuels, n'est ni plus ni moins que Ch***, la célèbre marque de vêtements et d'accessoires, mais qui n'est pas Chanel, mais tout de même. On me dit que c'est urgent, qu'il faut que j'appelle sur-le-champ. J'hésite. On me dit que c'est grassement payé : j'appelle. Là, je suis reçu comme le Messie, on me donne du Monsieur, on me dit qu’on aime beaucoup mon travail (ça, c’est du pipeau, on a évidemment rien vu de ce que je fais, je suis simplement le seul type dispo). Et on m’attend à 7h30 - attention, pas 19h30 ! 7h30 !... je ne savais même pas que cet horaire existait - au bureau de Monsieur, entre Opéra et les Grands Boulevards. Goddam. J’opine, raccroche, et règle le réveil de Sido sur 6h30 (…).

Le lendemain, après une bribe de nuit, j’avale une douche et saute dans un taxi, persuadé qu’il n’y a pas de métro à 7h du matin. Le matin, c’est comme l’étranger pour moi : même jet lag, et même sentiment de solitude oppressante. Bref. J’arrive chez le type, un immense gars bedonnant avec cheveux gris gominés en arrière, sans doute au travail depuis trois heures et demie, qui me reçoit avec un noir que j’accepte et une américaine que je refuse. Je ne fume plus depuis 8 ans, mais ça n’a aucune importance dans l’histoire. Il est DG de Ch*** (pardon pour toutes ces abréviations, le style en pâtit, je sais) et me dit que le DA (directeur artistique, continuons dans l’outrage) a besoin de quelqu’un libre tout le week-end pour superviser un projet à refaire entièrement sur une ligne de T-shirts et de sweat-shirts. Un truc, disons-le tout net, que je n’ai jamais fait. Quatre stylistes et un designer extérieur sous mes ordres, plus des visites à l’usine et chez les distributeurs ; je me demande quand je vais me réveiller. Non seulement c’est ultra bien payé, mais j’ai l’assurance de pouvoir revenir bosser épisodiquement, toujours en free lance, si ça se passe bien. Alors, bien qu’il soit à peine huit heures, que j’aie mille rendez-vous à déplacer ou à attraper en cas d’impossibilité de déplacement, que je sache que je vais travailler tout le week-end, jusqu’à des heures inconnues, et que je sois incapable d’effectuer correctement ce qu’on me demande là, j’accepte. A ce moment, j’ai déjà remboursé dix fois mes dettes, largement comblé mon découvert, payé cinq loyers d’avance, j’en passe et des meilleures. De l’argent, goddam. De l’argent !!!

Bon, le premier jour, soit jeudi, j’ai tout de même bossé quinze heures d’affilée. Qui a déjà fait ça, je le demande. A courir partout, d’un bout à l’autre de la capitale et même après le périph. A passer mille coups de fil. A balancer – et recevoir – deux cent cinquante millions de mails. A donner des directives. A changer ces directives. A écouter des conseils. A hésiter, puis ne plus hésiter par manque de temps. A héler des taxis. Je suis rentré chez Sido à minuit et demie, vanné, après avoir fait escale au McDo des Champs – 1ère et dernière fois de ma vie. Le lendemain, rebelote, aujourd’hui, dix de der ; je travaille encore demain dimanche, si si, et lundi 8 mai, bah voyons tant qu’à faire. Il faut que tout soit terminé jeudi. Si je travaille bien, dès mardi ça devrait se calmer. Je suis le champion du monde.

Je suis un putain de champion du monde.

22:25 | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : libre-expression

mercredi, 03 mai 2006

cinq

Comprendrai-je un jour les femmes ? La mienne vient de me sortir, en préparant du riz : "quitte à manger du riz dégueulasse, autant en faire plein".

21:35 | Lien permanent | Commentaires (12)

quatre

Pendant plusieurs jours, je n'ai plus croisé mes voisins et l'histoire m'est un peu (...) sortie de la tête. Et puis, finalement, je l'ai vue, dans l'escalier, avec les deux mômes à chaque bras. J'ai immédiatement su que c'était elle, et je peux vous dire que c'est un fantasme ambulant, parfait cliché de la fille du Nord : grande, fine, un joli nez à peine retroussé, des petites quenottes admirables et un accent du tonnerre. Seul accroc à la règle, et de taille : elle est brune. Moi personnellement ça ne me gêne pas, mais j'ai immédiatement pensé que la rareté de sa teinte devait en faire une proie recherchée dans son pays d'origine. Profiter de l'occasion pour faire connaissance aurait été facile, malheureusement j'étais pressé, moche, seul : je ne me suis pas attardé. Je lui ai lancé un bonjour amical mais discret qu'elle m'a rendu, charmant.

Je ne l'ai revue que deux ou trois fois en plusieurs mois, et rarement de près. Ma crainte d'avoir refroidi les ardeurs de mon voisin étaient justifiées, puisqu'il ne m'a jamais reparlé de sortir la jolie. A moins qu'il ne fasse partie de ces types qui s'emballent dès la première rencontre, meilleurs amis du monde, vas-y que je te tape dans le dos et tout et tout, je te propose des choses merveilleuses à faire ensemble, et puis finalement pffrt, ça se dégonfle comme un soufflé. C'est cela je crois qu'on appelle sympathique. Me suis toujours méfié de cette prétendue qualité.

Et puis, l'autre jour, hier en fait (c'est ce qui m'a fait penser à vous en parler — je parle déjà comme si j'avais des millions de lecteurs, vous avez remarqué ?), hier donc, je l'ai surprise dans l'entrée de l'immeuble. Elle se recoiffait devant le miroir dans un petit déhanché tout à fait attirant, qu'auréolait grâcieusement une robe d'été verte et blanche. J'étais encore moche et seul (ça m'arrive vraiment toujours aux mauvais moments), mais je l'ai saluée et j'ai sorti : "Alors, on se fait belle ?", avec le sourire, genre petite pique gentiment ironique. Elle n'a pas du bien comprendre parce qu'elle m'a répondu dans un sourire épatant : "Merci !". Sûr que ce qu'elle a pris pour un compliment lui a fait plaisir. D'autant que j'avais mon carton à dessin et mon grand book noir, c'est bien, ça fait artiste ; les étrangères elles adorent les artistes, parisiens de surcroît. Non ?

Ce qui m'embête, c'est que j'ai demandé à Sidonie si je pouvais rester chez elle jusqu'à la fin de la semaine, parce que j'ai à faire sur les Champs et qu'elle habite avenue Victor Hugo (quand je vous dit qu'elle gagne plein d'argent). Me voilà exilé alors même qu'il m'aurait fallu enchaîner tout de suite sur la petite, en l'invitant par exemple dès aujourd'hui ou demain à faire connaissance autour d'un café. Faut que je trouve le moyen de regagner mes pénates sans alerter la Sido.

19:40 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Paris

mardi, 02 mai 2006

trois

Depuis plus de trois ans, j'habite rue Monge, dans le cinquième arrondissement de Paris. Pas du côté quartier latin, Sorbonne et rue Mouffetard, dieu m'en garde, plutôt vers la mosquée. J'aime assez. Je loge dans un studio pas trop petit au dernier étage, sans ascenseur mais avec une vue pas mal : orientée à l'Est, avec un peu de Sud pour la lumière en première partie de journée ; ça m'évite de crever de chaud l'été.

Juste en dessous, a emmenagé au début de l'année scolaire une petite famille avec deux enfants, une fille et un garçon, d'environ 4 et 6 ans. Les parents sont pourtants assez vieux, bien 45 pour le père, un peu moins pour sa femme - disons 40. D'anciens expat qui débarquaient du Danemark. Le type, très gentil, m'a expliqué tout ça quand ils sont arrivés :

— On a passé cinq ans dans la banlieue de Copenhague (ça doit être gai, me suis-je dit) ; les gosses sont nés là-bas (ça, par contre, c'est la classe ! J'ai un pote qui est né à Miami, ça en jette quand même plus que G'nève !).
— Ils parlent les deux langues, alors ?
— Justement, me répond-il, on a peur qu'ils oublient. On a donc demandé à la fille d'un couple de nos amis de venir pendant un an, comme jeune fille au pair, vous voyez.

Si je vois ! Sans déconner, dans cet immeuble de vieux croûtons à qui je n'adresse jamais plus qu'un bonjour, une jeune Danoise esseulée ! Mais je n'étais pas au bout de mes surprises :

— Elle a 20 ans. On va la chercher samedi prochain à l'aéroport. Peut-être que vous pourriez lui faire visiter un peu la ville ? Si vous avez le temps, bien entendu. Elle sera contente d'avoir un peu de compagnie.

Là, putain, j'ai bien failli m'étrangler. Le monde s'écroulait. Un coup de chance pareil, ça ne m'était jamais arrivé. Mais comme j'ai toujours l'angoisse qu'on découvre le vieux pervers que je suis, je fais le mec sérieux, distant, cold-blooded, bref qui ne s'emballe pas. Avec la surprise en plus, j'ai dû baragouiner un truc du style "euh, oui je vais voir" ou bien "peut-être, si j'ai le temps"...

Quand on s'est quittés, j'ai eu peur d'avoir été trop froid, et que le type se dise hum, ça va l'embêter, c'est sûr, il doit avoir d'autres choses à faire, et puis sa copine (les types de ce genre n'imaginent jamais qu'on puisse être célibataire) va voir ça d'un mauvais oeil. Sûr, j'avais tout gâché. Il arrivait avec le sourire, les bras ouverts, prêt à faire connaissance avec sa nouvelle vie ; il m'offrait de surcroît une petite Danoise pour mes fins de soirée, et moi comme un con, ah ! c'est comme si je lui avais dit non. J'en ai pas dormi de la nuit.

20:05 | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : Littérature

deux

Je suis né à Genève, par hasard, le 15 mars 1976 : presque avec le printemps. Parents cultivés, socialement élevés, mais peu intelligents. Ma mère est interprète (était : le crabe l'a emportée l'année dernière), mon père est médecin. J'ai une soeur, Bérénice, de trois ans ma cadette. Orthophoniste, elle s'est mariée assez jeune et est la mère de jumeaux de dix-huit mois : Arthur et Simon. Moi qui n'aime pas les enfants, ni la famille en général, je dois dire qu'ils sont vraiment excellents.

En 2001, après des études un peu vaseuses, j'ai monté ma société de graphisme, à Paris où j'ai presque toujours habité. J'y travaille seul, et c'est pas la fortune. Mais bon, ça me suffit à peu près pour vivre et surtout ça me permet de faire les choses à mon rythme - assez proche, malheureusement, de celui de l'escargot. Mes relations professionnelles sont essentiellement issues des milieux du théâtre ou du cinéma, à la production ou à la distribution. C'est loin d'être un choix : on y rencontre un nombre de connards tout à fait impressionnant, du genre à vous tutoyer d'entrée de jeu et à faire comme s'ils ne vous avaient jamais vu la semaine d'après. C'est la coke, non ?

Et puis, il y a Sidonie. Nous ne sommes pas mariés, ni même à proprement parler en couple, mais on se voit régulièrement depuis pfff... deux ans me semble-t-il. Elle est journaliste économique, très jolie, gagne plein d'argent et couche sans doute avec d'autres derrière mon dos. M'en fiche, je fais pareil...

00:25 | Lien permanent | Commentaires (14)

lundi, 01 mai 2006

un

Bonjour,

Je m'appelle Thomas Mossian.

Je ne suis certes qu'un personnage de fiction, mais j'existe réellement ; j'ai une date de naissance, un travail, des amours. J'ai la chance d'être absolument indépendant de mon créateur (ou ma créatrice, humm, je fantasme déjà) : je me construis seul, traçant mon sillon comme quiconque ici bas. Ma personnalité, mes goûts, mes opinions, encore bien sommaires, vont s'affirmer peu à peu, et notamment, je l'espère, grâce aux échanges avec mes futurs lecteurs.

Ici seront couchées ma vie fictive et mes opinions bien réelles sur les choses.

20:40 | Lien permanent | Commentaires (4)

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