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lundi, 15 mai 2006

treize (quêtes, conquêtes et reconquêtes)

Ce soir, j’invite Sidonie au restaurant. Je ne sais pas trop où. C’est toujours compliqué de sortir tous les deux, vu qu’on habite vraiment loin l’un de l’autre et que nos quartiers respectifs ne sont pas terribles niveau cantines. Si quelqu’un connaît un bon endroit dans le cinq, je veux bien qu’il me le signale, trois ans que j’y vis et je ne sais toujours pas où on peut y manger un peu correctement. Bref, on risque encore de se retrouver dans le dix, le onze ou le douze, voire même plus à l’est, dans le dix-neuf ou le vingt, arrondissements que curieusement je connais beaucoup mieux.

Sans chercher à lui en mettre plein la vue, j’aimerais que ce dîner sorte un peu de l’ordinaire. Qu’on mange vraiment bien, qu’on boive du Saint-Estèphe ou du Meursault - Madame aime le luxe. Qu’on parle, qu’on s’entende et qu’on rie. Je lui ai acheté un sautoir en lapis-lazuli qui ira très bien avec ses yeux profonds, je ne m’y connais pas très bien en pierres et en joaillerie mais il m’a coûté bonbon, ça a intérêt à lui faire plaisir. Enfin, il faut encore que j’ose lui offrir : j’ai horreur de ce qui fait trop officiel, genre déclaration, demande en mariage et tout, et puis je redoute un peu sa réaction. Elle est capable de trouver ça moche et de me le dire sans ambages, ou de faire la moue et de sortir « mais si, ça me plaît », ou même encore me lancer froidement que si je crois pouvoir l’acheter avec des bijoux de pacotille, je ferais mieux d’aller faire les sorties de lycées.

Allez, je suis mauvais. J’exagère légèrement. La pauvre Sido a beau être une chipie, je la charge un peu de trop. Et puis, de toute façon, j’adore les chipies. Je raconterai bien évidemment le déroulement de la soirée.

Je raconterai aussi mon après-midi de demain avec Charlotte. Charlotte est une fille un peu plus jeune que moi, aussi brune que Sidonie est blonde, et qui est la sœur d’un de mes bons amis. A 25 ans à peine, elle travaille depuis déjà cinq ans dans divers petits boulots de serveuse ou de vendeuse. Sa passion, c’est le dessin, l’illustration, un peu de graphisme aussi ; elle est assez douée mais n’a aucune formation dans ce domaine. Pourtant elle voudrait bien y rouler sa bosse, et cherche des conseils, voire des pistons. C’est pourquoi son frère l’a aiguillée sur moi… Me voilà donc parachuté sauveur de jeunes femmes en détresse, un de mes rôles préférés. Charlotte est à peine un peu ronde, c’est-à-dire, elle a des formes bien dessinées et les met en valeur sans le savoir. Des joues légèrement charnues, et rosies, une poitrine importante (alors que Sido a plutôt de petits seins), souvent décolletée, un peu de ventre et des fesses bien rebondies. Evidemment, elle se trouve trop grosse, mais elle a la chance d’être parfaitement proportionnée et d’avoir de surcroît un assez joli visage au très beau teint de porcelaine. Bref, vous l’aurez compris, j’ai envie d’elle. Mais la potentialité d’une relation d’ordre sexuel entre nous reste faible, et dépend de ma soirée de la veille avec Sido, du niveau de mon audace (le frère de la demoiselle étant un de mes plus proches amis, je ne peux décemment faire n’importe quoi), et, bien sûr, de la volonté d’une fille déjà maquée depuis longtemps... Un vrai challenge comme je les aime.

13:15 | Lien permanent | Commentaires (19) | Tags : Paris

dimanche, 14 mai 2006

douze (Mossian un jour aussi va mourir)

La majorité des femmes trentenaires célibataires se plaignent principalement de deux choses : d’être déjà trentenaires d’une part, et encore célibataires d’autre part. Qui a dit que les femmes étaient compliquées ? Pauvres d’elles, ce n’est pas leur faute ; mais une urgence dictée par la chimie de leurs hormones et l’instinct de survie de leur espèce les pousse à se morfondre de ne pas trouver le partenaire idéal. Par moments, je les envie de rester si proches de la nature, aussi étroitement liées à la terre et au temps, quand tous les hommes sont de véritables dégénérés au dernier degré, et au premier sens du terme. Eux ont oublié qu’ils ne sont que des animaux, et qu’ils ont beau rouler dans des voitures surpuissantes, porter de fiers costumes, téléphoner en 3G et s’organiser sur Palm, leur misérable enveloppe charnelle ira comme les autres pourrir pour nourrir le sol. Nous, à part la barbe qui pousse, les cheveux qui tombent et le cancer en fin de vie, rien ne nous rappelle à la nature.

Mais dans l’ensemble, j’aurais plutôt tendance à me réjouir de cet état de faits. Je suis moi-même trentenaire, et me considère comme célibataire, malgré (ou à cause de !) Sidonie. Je suis absolument seul, je n’ai pas de femme, pas d’enfants, pas de patron ni même de mère ; bref, personne à qui rendre de compte. Et personne pour me dire : il est temps de baiser, dépêche-toi, sinon tu ne pourras plus procréer. Certes il y a parfois un banquier, un propriétaire ou un vieux plan cul pour me rappeler à mes obligations. Mais si l’envie me prend de ne penser à rien, grand bien m’en fasse. En gros, la nature me laisse tranquille. Et en échange, pour la remercier, je laisse la nature tranquille. Particulièrement ma nature. Je ne l’embête pas avec de puériles considérations de physique, d’âge ou de santé. Je ne fais rien contre mon début de calvitie. Mes rides naissantes creusent mon visage à leur gré. Je ne vais jamais chez le médecin, notamment de peur de me retrouver avec une sale maladie : car où attrape-t-on des maladies, si ce n’est chez le médecin ? J’allais très bien avant ma consultation ; en sortant, j’avais un cancer enrobé d’un taux de cholestérol anormalement élevé. Franchement je ne tiens pas trop à savoir dans quelle déréliction avancée se trouve ma trentenaire carcasse. Un jour, définitivement rouillée, elle se rompra par surprise, et ce sera bien.

***

Cette nuit, j’ai fait un cauchemar érotique. J’étais au lit avec une jeune fille, une asiatique (je n’ai jamais eu l’occasion de coucher avec une asiatique), très sexy et très open. Après divers préliminaires, composés entre autres de *** et d’*** ***, vint le moment de la pénétrer de mon cinquième membre. Et là, échec total. Impossible. Je ripais, je cognais à côté, c’était comme si la belle avait été fermée entre les cuisses. Panique. La fille me hurle dessus. Je me réveille.

15:40 | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : libre-expression

vendredi, 12 mai 2006

onze (retour de bâton)

Le sort s'acharne sur moi. Tout mon potentiel chance annuel s'étant déversé en l'espace de cinq jours, la semaine dernière, il faut bien maintenant que je me résolve à l'évidence : la roue tourne. Une maîtresse à la maison (ou plutôt, moi chez elle, bon), un boulot tombé du ciel, plein d'argent (j'ai oublié de dire que j'ai aussi trouvé un billet de 20€ sur la ligne 9 ; je m'étais promis de le donner au prochain clochard sur mon chemin mais je n'en ai pas croisé, croyez-le ou non), de nouvelles relations, de réjouissantes perspectives d'avenir, tout ça, malheureusement, ce n'est pas gratuit.

Ca a un prix, que je paie aujourd'hui.

Personne n'ignore, pour commencer, quel accueil la perfide Sidonie a hier réservé à mes propositions alléchantes à plus d'un titre. J'ai l'air de prendre ça à la rigolade, mais apprendre que ma partenaire sexuelle quasi-exclusive se fait entretenir la tuyauterie par d'autres plombiers que moi, ça m'attriste réellement. Ca procure un sentiment étrange, fait à la fois d’attirance redoublée et de répulsion bien légitime. Je sais bien que cette attaque cruelle n’a pour but que de pointer du doigt les incohérences et mêmes les malaises de notre relation, et que j’aurais tort de me braquer. Me voilà donc bien contre mon gré en pleine phase « reconquête de Sido », cherchant des idées de cadeaux, câlins, surprises et autres douceurs. Un véritable calvaire, quand on sait que fondamentalement, cette fille m’est bien égale, que je ne suis pas plus amoureux d’elle qu’elle ne l’est de moi, et que nous sommes en plus profondément différents. Mais je la regretterai plus tard, c’est certain. Alors : efforts.

J’étais plongé dans ces intenses réflexions, hier soir, en rentrant d’un dîner (correctement arrosé) chez des amis dans le douzième, quand le taxi, arrivé devant chez moi, me lance :
— Ben j’en connais un qui s’est débrouillé pour ne pas rentrer seul », tout en désignant un couple tellement enlacé qu’il en avait du mal à marcher. Le type avait la main sur les fesses de la fille et semblait lui susurrer des trucs salaces à l’oreille, ce qui faisait manifestement couiner la petite. Con de taxi, j’aurais dû lui demander de quoi je me mêle. Mais la répartie, ça ne marche que quand c’est écrit d’avance, moi j’ai jamais pu y arriver en direct. Bref, je paie (le chauffeur a gardé la monnaie sans même que je lui propose, comprenant que je ne le ferai sans doute pas), descends et arrive à hauteur du couple. Catastrophe ! c’était Karen, la Danoise, avec un grand gars beaucoup plus fort et grand et beau que moi ! Dire que je la pensais secrètement éprise de mon allure d’artiste. Mon cul oui. Elle se tape tout Paris, et elle doit faire le mur, en plus, parce que ça m’étonnerait que mes voisins la laissent sortir avec des pervers jusqu’à deux heures et demie du matin, et en semaine encore. D’ailleurs, elle a eu l’air bien embêtée que je la surprenne en pareille position. C’était son tour de bafouiller et bredouiller (alors que le bonhomme, lui, m’a lancé un regard aussi rieur que méprisant). Je l’ai plantée là et j’ai avalé quatre par quatre les marches qui mènent à ma pesante solitude.

Trahi par les filles deux fois en une seule journée, c’est dur. Je me demande quelle tuile va bien pouvoir me tomber dessus aujourd’hui.

12:55 | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : Littérature

dix (nouveau souffle)

A partir de maintenant, et notamment afin de faciliter la lecture de la colonne "commentaires", chaque note portera, en plus de son numéro, un titre. La parenthèse est allègrement pompée sur OUAIS BON, le blog de Vernis Rouge, que je vous recommande chaudement (même si sa dernière note est nulle).

11:30 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : libre-expression

jeudi, 11 mai 2006

neuf

Bon, alors je viens d'avoir Sido par mail, puis au téléphone. Sympa comme je suis, je lui proposai un petit week end en amants, tout ce qu'il y a de plus classique.

— On réserve une chambre d'hôte avec vue sur la mer, lui dis-je en incorrigible romantique, tu prends ta tenue la plus légère, on loue une voiture, et on baise non stop pendant 48 heures.

— Merci, pour ce qui est de baiser j'ai eu mon compte hier soir, m'a-t-elle rétorqué.

Précisons qu'hier, j'étais chez moi avec un joint et du travail à finir sur le portable du boulot.

Les femmes sont bien cruelles, parfois. Et j'avoue que malgré la carapace que je me suis forgé au fil des ans, malgré ce détachement un peu feint que je m'efforce de montrer, malgré la certitude que j'ai de ne pas être amoureux de Sido, certaines phrases comme celle-ci réussissent encore à me serrer la gorge, et me percer en plein coeur.

14:50 | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : Littérature

mercredi, 10 mai 2006

huit

Parmi les dizaines de commentateurs et -trices qui se précipitent sur ce journal pour débattre avec passion à chaque nouvelle note, j’en retiens une en particulier, encore assez discrète, qui signe sous le nom étrange de Brigitte Jean. La mystérieuse demoiselle (...) me faisait part récemment de ses soupçons concernant un jeune homme « vraiment pas mal » (sic), portant Che, croisé au salon de thé de la mosquée de Paris, et qui l'aurait gratifiée d'un sourire. Partant du constat que j’habite à côté de cette mosquée, rue Monge dans le cinquième arrondissement parisien, et que comme lui, je suis censé avoir un air d’artiste (ça reste à voir), notre visiteuse se demandait tout bonnement si je n’étais pas ledit garçon.

Lui faisant remarquer que rien n’indiquait que je puisse être « vraiment pas mal », comme elle dit, Brigitte me rétorqua en substance que puisque j’avais une copine blonde et jolie, qui de surcroît gagne plus que correctement sa vie, je ne devais pas être trop moche. Merci, Brigitte. Malheureusement, l’honnêteté propre à ces lignes m’oblige à te détromper : je ne suis pas très beau. Pas vraiment laid non plus. Juste médiocre. Un peu lourdeau tout d’abord, ce qui fait dire à Sidonie (et là, attention la formule) que si je ne suis pas un bourreau des cœurs, j’ai du moins un corps de bourreau (ah ! ah ! comme c’est drôle), avec un bide aussi développé que mes pectoraux. Un nez bizarre, un front fuyant, des cheveux incoiffables. Une tête, en somme, qui ne va pas avec mon corps. Vous voyez que je ne suis pas tendre avec moi-même. Mais cette lucidité m’a servi, et m’a permis de développer d’autres atouts dans mon objectif principal et perpétuel de séduction des filles : notamment, je me flatte de le croire, l’esprit.

L’esprit, est essentiel au libertin, et à l’homme en général, bien plus que la beauté. Je pense que l’homme, s’il a de l’esprit, de l’humour, du charisme, une bonne dose de virilité ; s’il a de l’assurance, de l’expérience, s’il a été bien éduqué, sait s’habiller, sourire, parler, écrire, répondre en toutes circonstances, alors, peut mépriser son physique. Pas son apparence : son physique. Attention, je ne dis pas que je réunis toutes ces qualités, bien loin s’en faut (…). Si c’était le cas, je vivrais des jours heureux avec mon seul et unique amour perdu, dont je ne vous parlerai pas à moins de risquer de vous ennuyer plus encore qu’à présent. Mais, bien que je sois seul et malheureux, je n’ai pas trop à me plaindre. J’espère que tout cela ne vous semble pas trop présomptueux. J’ai simplement dit que je n’étais pas vraiment beau, et que je me rattrape comme je peux, sans trop d’échecs, avec d’autres armes.

D’ailleurs, je pense que, dans une moindre mesure, la règle s’applique également aux femmes. Il me semble que la plus pure plastique ne sera jamais suffisamment belle si elle n’a pas le regard animé par l’intelligence, la passion, l’élégance, mais aussi par la profondeur de la tristesse, de l’émotion, du sentiment. Plus encore, c’est cet esprit qui définitivement les rend belles…

20:25 | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : libre-expression

mardi, 09 mai 2006

sept

On s'habitue à tout. Ce n'est pas nouveau, et je le sais depuis belle lurette. Il m’a fallu à peine trois ou quatre jours pour me faire à ma bonne dizaine d’heures de boulot quotidien. J'irai même jusqu'à dire que j'ai bien la pêche. Je me sens super actif, sexuellement notamment. Dommage que ma blonde Sidonie ne soit pas plus disposée que ça, bien que je sois toujours en transit chez elle (à son grand dam, je crois). Tout ça, vient bien sûr aussi du fait de ma soudaine rentrée d’argent. Si l’argent ne fait pas le bonheur, il fait tout le reste…

Bref, en plus de mes différentes tâches (car à part Ch***, je travaille en ce moment avec deux distributeurs), de ma maîtresse, de mon journal, que j’entretiens tant bien que mal, j’ai trouvé le temps, et surtout la motivation, de retourner à la piscine. J’avais presque oublié à quel point j’adore nager, et particulièrement en bassin, dans l’eau chlorée, en bonnet, lunettes et moule-bite. C’est une ambiance très étrange, due sans doute à l’odeur, aux bruits étouffés ; je pense en fait qu’à la piscine, tous les sens sont modifiés : la vue, par les lunettes, le toucher, l’odorat, le goût même, quand on boit la tasse, par l’eau, et l’ouïe, bien sûr. Une sensation de flottement vraiment agréable. Il y a, aussi, une sorte d’ambiguïté que j’apprécie à se retrouver presque nu, et, pourtant, protégé par l’anonymat du masque et du bonnet, entre fragilité et sécurité. Et puis, nager fait un bien fou. C’est du sport, et pourtant on ne transpire pas (enfin, on ne s’en rend pas compte, j’imagine), on ne se fait pas de claquage, on ne s’éclate pas les genoux, on ne se fait pas défoncer les dents. Et ça muscle le dos à une vitesse exceptionnelle. Voilà. C’était un message de la Fédération Française de Natation en association avec les Piscines de Paris.

Ce soir, je regagne mon 5ème. Une décision que je viens de prendre. Sido va à un concert avec des amis ce soir ; c’est du moins ce qu’elle prétend. Je lui laisse donc la liberté de me mentir et de ramener chez elle celui qui l’aura en réalité invitée à dîner. Sympa, non ?

20:00 | Lien permanent | Commentaires (10)

samedi, 06 mai 2006

six

Je suis riche ! Mais à quel prix...

Comment raconter ça correctement ? Par où commencer ? Peut-être le plus simple serait-il de revenir à ma dernière note ("note", et encore, ce n'était qu'un petit bout de phrase tout ridicule), datée du mercredi 3 mai 21h37. Ce soir là, je mangeais donc du riz avec et chez Sidonie. La belle avait accepté de m'héberger quelques jours afin de me rapprocher de mes rendez-vous de fin de semaine sur les Champs-Elysées. Rendez-vous tout ce qu'il y a de plus classiques avec des boîtes de distribution de cinéma. Je travaille beaucoup, par exemple, sur les affiches et les dossiers de presse de petits films d’ici ou d’ailleurs. Sans forcément que j'aie à réaliser le travail : on m'appelle souvent pour remplir le rôle de consultant, oui Madame, et ça c'est génial. Je suis alors au graphiste ce que le juriste est à l'avocat : un gars qui ne fiche rien, mais dont la parole est d'évangile - et qu'on rémunère conséquemment.

Environ une heure plus tard, vers 22h30, coup de fil de mon rendez-vous du lendemain : il me demande si je serais libre pour "un travail" dans la boîte de son beau-frère. Cette boîte, chers lecteurs éventuels, n'est ni plus ni moins que Ch***, la célèbre marque de vêtements et d'accessoires, mais qui n'est pas Chanel, mais tout de même. On me dit que c'est urgent, qu'il faut que j'appelle sur-le-champ. J'hésite. On me dit que c'est grassement payé : j'appelle. Là, je suis reçu comme le Messie, on me donne du Monsieur, on me dit qu’on aime beaucoup mon travail (ça, c’est du pipeau, on a évidemment rien vu de ce que je fais, je suis simplement le seul type dispo). Et on m’attend à 7h30 - attention, pas 19h30 ! 7h30 !... je ne savais même pas que cet horaire existait - au bureau de Monsieur, entre Opéra et les Grands Boulevards. Goddam. J’opine, raccroche, et règle le réveil de Sido sur 6h30 (…).

Le lendemain, après une bribe de nuit, j’avale une douche et saute dans un taxi, persuadé qu’il n’y a pas de métro à 7h du matin. Le matin, c’est comme l’étranger pour moi : même jet lag, et même sentiment de solitude oppressante. Bref. J’arrive chez le type, un immense gars bedonnant avec cheveux gris gominés en arrière, sans doute au travail depuis trois heures et demie, qui me reçoit avec un noir que j’accepte et une américaine que je refuse. Je ne fume plus depuis 8 ans, mais ça n’a aucune importance dans l’histoire. Il est DG de Ch*** (pardon pour toutes ces abréviations, le style en pâtit, je sais) et me dit que le DA (directeur artistique, continuons dans l’outrage) a besoin de quelqu’un libre tout le week-end pour superviser un projet à refaire entièrement sur une ligne de T-shirts et de sweat-shirts. Un truc, disons-le tout net, que je n’ai jamais fait. Quatre stylistes et un designer extérieur sous mes ordres, plus des visites à l’usine et chez les distributeurs ; je me demande quand je vais me réveiller. Non seulement c’est ultra bien payé, mais j’ai l’assurance de pouvoir revenir bosser épisodiquement, toujours en free lance, si ça se passe bien. Alors, bien qu’il soit à peine huit heures, que j’aie mille rendez-vous à déplacer ou à attraper en cas d’impossibilité de déplacement, que je sache que je vais travailler tout le week-end, jusqu’à des heures inconnues, et que je sois incapable d’effectuer correctement ce qu’on me demande là, j’accepte. A ce moment, j’ai déjà remboursé dix fois mes dettes, largement comblé mon découvert, payé cinq loyers d’avance, j’en passe et des meilleures. De l’argent, goddam. De l’argent !!!

Bon, le premier jour, soit jeudi, j’ai tout de même bossé quinze heures d’affilée. Qui a déjà fait ça, je le demande. A courir partout, d’un bout à l’autre de la capitale et même après le périph. A passer mille coups de fil. A balancer – et recevoir – deux cent cinquante millions de mails. A donner des directives. A changer ces directives. A écouter des conseils. A hésiter, puis ne plus hésiter par manque de temps. A héler des taxis. Je suis rentré chez Sido à minuit et demie, vanné, après avoir fait escale au McDo des Champs – 1ère et dernière fois de ma vie. Le lendemain, rebelote, aujourd’hui, dix de der ; je travaille encore demain dimanche, si si, et lundi 8 mai, bah voyons tant qu’à faire. Il faut que tout soit terminé jeudi. Si je travaille bien, dès mardi ça devrait se calmer. Je suis le champion du monde.

Je suis un putain de champion du monde.

22:25 | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : libre-expression

mercredi, 03 mai 2006

cinq

Comprendrai-je un jour les femmes ? La mienne vient de me sortir, en préparant du riz : "quitte à manger du riz dégueulasse, autant en faire plein".

21:35 | Lien permanent | Commentaires (12)